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Bénin/Régionalisme : Un phénomène qui a la peau coriace

Bénin/Régionalisme : Un phénomène qui a la peau coriace

Patrice Talon a tenu des propos inacceptables à Abomey pendant la dernière campagne présidentielle. Le peuple béninois a entendu son appel mais les a banalisés. Sous d’autres cieux, on aurait eu des conséquences regrettables. Et si on revisitait ce phénomène récurrent du régionalisme en cette veille de remaniement où en dépit du concept d’équilibre régional, on a des clichés régionalistes ?
Patrice Talon a soufflé le 8 avril dernier sur les braises ardentes du régionalisme. Ce jour-là, après avoir vanté le leadership du royaume d’Abomey, qu’il faut perpétuer par tous les moyens, ce leadership.
Bien avant Patrice Talon, Boni Yayi, son prédécesseur dans cette haute charge de père de la Nation parlait « Des miens ». Voilà des preuves irréfutables qui démontrent à plus d’un titre que les autorités gouvernementales contribuent à détricoter le vivre ensemble.
Il est vrai que le régionalisme trouve ses racines dans l’histoire politique du Bénin déjà vers les années 1945 avec la fracture Nord-Sud suite à l’avènement du Groupement ethnique du Nord Dahomey. Donc, les dérapages régionalistes remontent bien loin, mais il faut remarquer qu’on observe une évolution dramatique de nos jours. Ce n’est que la conséquence des actes des gouvernements qui se sont succédé.
Mieux, il y a l’absence d’idéologies politiques des partis politiques qui amènent les ‘‘entrepreneurs ou ingénieurs politiques’’ à jouer sur les réflexes identitaires des populations surtout à l’approche des élections. Le cas de Patrice Talon qui sans le dédouaner, a voulu profiter de la campagne présidentielle pour fouetter une réalité historique est un exemple parmi tant d’autres.
Manipulations des ‘’Entrepreneurs ou ingénieurs politiques’’
Même si l’on doit reconnaitre certaines vertus au régionalisme, à la régionalisation dans le développement, il ne faut le confondre avec l’intolérance, le sectarisme et le rejet de l’autre.
Il existe de nombreux risques de s’accommoder du régionalisme. En effet, le sentiment d’exclusion peut être source de conflits, un frein pour le développement, un Etat scindé en deux blocs antagonistes constitués des inclus et des exclus est un grand risque qu’il ne faut tenter.
La répartition des ressources politiques, économiques à savoir l’implantation des infrastructures, sociales comme l’accès à la santé, à l’eau, à l’éducation est vécue comme une distribution des inégalités au Bénin.
Le sentiment de régionalisme est en nette progression à la lueur de certains faits et comportements et doit inquiéter au plutôt plus d’un Béninois. Les ‘’ingénieurs politiques’’ du Bénin utilisent la population comme instrument politique ; elle constitue un électorat captif voire un bétail électoral pour capturer le pouvoir.
Ces comportements qui visent à faire valoir son appartenance à une communauté sociolinguistique spécifique ne sont pas d’ores et déjà, des sentiments à incriminer, mais témoignent de la richesse culturelle et identitaire d’un pays.
Le régionalisme exacerbé au Bénin fait le lit à l’exclusion sociale et à la division, moteur des conflits sociaux et politiques observés dans certaines régions de l’Afrique. Il faut faire de notre diversité culturelle ethnique, une fierté pour le développement du pays. Les Béninois doivent rester tous solidaires et éveillés afin de ne pas faire l’objet d’une instrumentalisation accrue par les hommes politiques.
Pour lui, il faut accepter les différences identitaires, les disparités source de richesses, mettre l’accent sur l’éducation, sur les valeurs communes, l’intérêt général de la Nation, s’accepter soi-même pour accepter l’autre. Avec les derniers mouvements au Bloc républicain (BR) après le départ du ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola et la montée en puissance de l’ex ministre Barthélémy Kassa démontre à plus d’un titre que le système partisan défendu par le régime de la ‘’Rupture’’ n’a donc pas réglé totalement les principes fondamentaux du multipartisme au Bénin.
Il faut que le marché politique soit rendu parfait et qu’on surveille la communication des hommes politiques qui ont des stratégies pour activer les instincts grégaires des paisibles populations.
Il faut un développement équilibré des régions du Bénin en faisant la croissance inclusive ce qui éviterait à coups sûr, les frustrations. Nos gouvernants doivent préconiser la culture du nationalisme, de la cause politique, de l’intérêt général et le perfectionnement de la cohésion sociale.
Il faut donc faire en sorte que le régionalisme ne prenne pas d’assaut des lieux ou milieux déjà hostiles aux espaces de promotion de la Démocratie et à l’unité nationale. De ce fait, il urge que les enfants qui incarnent l’avenir apprennent à ne plus utiliser la résonnance de leurs noms pour avoir une chance aux différents concours d’Etat pour le premier emploi.  Ce fléau est le plus dangereux des facteurs de déstabilisation de l’unité nationale.
Telle est la question que chacun devrait se poser face à ceux qui attisent la haine. L’objectif visé par ceux-là est d’en profiter pour qu’en 2026 qu’un candidat puisse profiter du sentiment régionaliste. Mais, ils oublient trop vite ce qui a engendré la guerre civile en Côte d’Ivoire. Ils n’ont pas vu nos frères venus de Bangui témoigner sur les atrocités commises au nom du régionalisme et de la religion.
Ceux qui ont attisé ces haines ont eu le temps de fuir les feux qu’ils ont allumés. Pendant ce temps, les pauvres s’entretuent.
Autant de conséquences dramatiques des idéologies sectaires qui ont brûlé certains pays, il faut donc conscientiser ceux qui veulent les importer au Bénin.  Que les Béninois épris de paix ne fassent pas le lit aux complices hypocrites qui font semblant d’être des patriotes.
Par Firmin TEKLY.

Bénédicte DEGBEY

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