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BENIN/PRESIDENTIELLE : INQUIETUDES D’AMNESTY, 12 OPPOSANTS CONVOQUES OU DETENUS

BENIN/PRESIDENTIELLE : INQUIETUDES D’AMNESTY, 12 OPPOSANTS CONVOQUES OU DETENUS

Au-delà de Madougou détenue, il y a 11 autres opposants qui sont soit dans les prisons du pouvoir de la  » Rupture » soit convoqués.
Par Alexis RODRIGUEZ
12 opposants au total sont soit mis sous convocation soit détenus dans les geôles du pouvoir Talon révèle Amnesty International dans son dernier communiqué.
Cette ONG spécialisée en matière des droits de l’Homme a fait un état de lieux politique inquiétant à la veille de la présidentielle au Bénin.
De l’avis de cette structure, il règne au Bénin à la veille de la presidentielle, une atmosphère d’intolérance politique.
Amnesty International évoque egalement dans son communiqué d’autres cas de violations des droits de l’homme.

Lisez ci-dessous ledit communiqué.

Les autorités béninoises doivent protéger celles et ceux qui exercent leur droit
à la liberté d’expression et de réunion pacifi que et respecter le droit à un procès
équitable de tous les opposants et voix critiques qui font l’objet de procédures
pénales, a déclaré Amnesty International mercredi 31 mars 2021.
Les détenus doivent être informés des raisons de leur arrestation, avoir accès à
leurs avocats de manière privée et être en mesure de préparer leur défense.
Depuis le début de l’année, Amnesty International a recensé la convocation,
l’arrestation et/ou la condamnation d’au-moins 12 opposants politiques et voix
critiques du pouvoir. Plusieurs d’entre-eux sont poursuivis au nom d’une loi sur
le numérique adoptée en 2018.
En octobre 2020, dans un Avis jugeant la détention du journaliste Ignace Sossou
arbitraire, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire avait considéré
que « le langage utilisé dans l’article 550 du Code du numérique » – qui porte
sur le « harcèlement par le biais d’une communication électronique » – était «
vague et trop large ».
« Alors que l’élection présidentielle se tient dans une dizaine de jours, certains
opposants ont été arrêtés et inculpés sur la base de motifs imprécis, et sont détenus
sans respect de certains de leurs droits, » a déclaré Fabien Off ner, chercheur sur
l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
Vague d’arrestations depuis janvier
Amnesty International a documenté plusieurs cas d’opposants arrêtés entre
janvier et mars.
Bio Dramane Tidjani et Mamadou Tidjani, membres du parti d’opposition Les
Démocrates (LD), sont en détention provisoire depuis le 1er mars à la prison
de Akpro-Missérété au sud-est du Bénin. Ils ont été inculpés d’« association de
malfaiteurs et terrorisme », a déclaré leur avocat à Amnesty International. Selon
lui, aucune précision n’a été apportée par la justice sur les faits à l’origine de
cette accusation.
Abdoul Razak Amadou, également membre de LD, est libre depuis le 25 mars
après avoir été condamné à six mois de prison dont deux fermes. Condamné pour
« incitation à la violence et à la rébellion » sur la base de la loi sur le numérique,
il lui était reproché d’avoir partagé une publication WhatsApp incitant à la « lutte
», et mentionnant que « aucun président au monde et en particulier en Afrique ne
résiste au peuple face à la pression de la rue. Soit il fuit ou il meurt. »
D
ans un communiqué de presse
rendu public ce mercredi 31 mars,
Amnesty International a donné de la
voix, d’abord sur la détention de cer￾tains opposants qui sont en désaccord
avec le pouvoir du 6 avril 2016. Elle a
par la suite invité les gouvernants à ne
pas suspendre le service Internet le jour
du scrutin.
Lire ici le communiqué de presse d’Amnesty International
Rékiatou Madougou, également membre de LD, et dont la candidature à l’élection
présidentielle a été rejetée par la Commission électorale nationale autonome, est
détenue depuis le 5 mars à la prison de Akpro-Missérété. Après son arrestation
le 3 mars à Porto-Novo en pleine circulation, elle a été inculpée pour « fi nance￾ment du terrorisme » par la Cour de répression des infractions économiques et
du terrorisme (CRIET).
Selon la CRIET elle aurait « formé le dessein de perturber le déroulement du
prochain scrutin en perpétrant des actes de terreur de grande ampleur », en «
préparant l’assassinat de deux autorités politiques ».
Des accusations sans fondement selon les avocats de Rékiatou Madougou, qui
affi rment par ailleurs que ses conditions de détention se sont dégradées. Des
visites de ses parents et amis sont interdites, et il est arrivé que celles de ses
avocats soient « fi lmées et écoutées. »
Rékiatou Madougou doit avoir l’opportunité de faire appel contre la décision de
sa détention provisoire, et doit pouvoir avoir accès à ses proches et s’entretenir de
façon confi dentielle avec ses avocats, comme l’y autorise le droit international.
Un autre candidat écarté de l’élection présidentielle, Galiou Soglo, a été la cible,
le 5 février, d’une possible tentative d’assassinat, dans la commune de Calavi.
Blessé par balle à la poitrine, il a été évacué en France pour des soins. Une en￾quête sur les auteurs de son agression a été ouverte selon le procureur.
Il a déclaré à Amnesty International être victime de fi lature et de diff amation sur
les réseaux sociaux depuis deux ans :
« Depuis 2019, je suis fi lmé dans mes déplacements et je retrouve des photos et
des vidéos de mon domicile et de mes bureaux circuler sur internet. J’ai déposé
une plainte à l’Offi ce central de répression de la cybercriminalité en mai 2019.
La plainte n’a pas abouti jusqu’à ce jour. »
« Les autorités béninoises doivent non seulement respecter le droit à la liberté
d’expression et de réunion pacifi que, mais elles doivent également s’assurer de
la sécurité de toutes les personnes exerçant ces droits et protéger leur droit à la
vie et à l’intégrité physique et mentale, » a déclaré Fabien Off ner.
Outre les arrestations d’opposants et de voix critiques, Amnesty International
craint qu’internet ne soit bloqué pendant l’élection comme ce fut le cas lors des
élections législatives du 28 avril 2019, violant le droit à la liberté d’expression
« Nous appelons les autorités béninoises à s’abstenir de bloquer internet avant,
pendant et après l’élection présidentielle du 11 avril. Une telle pratique viole
le droit à l’information consacré à l’article 9 de la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples, et contrevient aux Directives sur l’accès à l’information
et les élections en Afrique, » a déclaré Fabien Off ner.
En janvier 2020, Amnesty International avait dénoncé les poursuites menées
contre au-moins 17 journalistes, blogueurs et opposants en moins de deux ans,
au titre de la loi sur le code du numérique.
Complément d’information
La loi électorale du 15 novembre 2019 a imposé aux candidats de recueillir au
moins 16 parrainages de députés ou de maires pour pouvoir se présenter à l’élec￾tion présidentielle. Or, seule une minorité de ces élus sont affi liés à l’opposition.
Une condition dénoncée par les partis d’opposition et la société civile comme
étant une loi d’exclusion, que n’ont pas pu ou pas voulu remplir les opposants
les plus en vue.
L’actuel président, Patrice Talon, et sa colistière candidate à la vice-présidence,
concourront ainsi contre deux autres duos lors de l’élection présidentielle du 11 avril
Le journal l’Afrique en marche du vendredi 2 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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