L'afrique en marche

Bénin/Présidentielle 2021 : Talon fait son ‘’scrutin’’ et le peuple gagne par boycott

Le peuple souverain a royalement ignoré le scrutin de Talon. Son boycott est donc le grand gagnant de cette élection. 
Par Omer HOUESSOU
Les Béninois ont été conviés une fois encore aux urnes pour choisir comme depuis 1991 le futur président ce dimanche 11 avril 2021. Une septième élection présidentielle qui a une saveur particulière cette année. Sur fond de peur et de résilience, les bureaux de vote ont été ouverts sur toute l’étendue du territoire national. Que sera le Bénin après ce scrutin ? Quel enjeu désormais pour la démocratie des feux Mathieu Kérékou, Albert Tévoèdjrè, Conceptia Liliane Denis Ouinsou ou encore du Mgr Isidore de Souza ?
Le défi de cette présidentielle réside dans le fait que 15 531 postes de vote doivent ouvrir pour accueillir 4 958 850 électeurs dont les noms figurent sur la liste électorale. Et sur toute l’étendue du territoire, ces bureaux de vote ont été ouverts un peu partout avec de fortunes diverses.
Si dans la région méridionale du pays, les choses se sont relativement bien passées, du côté septentrional, certains Béninois ont accompli ce devoir civique la peur au ventre. Mais dans une évaluation d’ensemble, la majorité des Béninois ont choisi de rester chez eux.
Une élection sur fond des tirs et d’arrestations
Comme lors des législatives de 2019, l’élection présidentielle de ce dimanche s’est déroulée sur fond de tension politique; mais aussi dans une période marquée par la crise sanitaire de Covid-19 avec 93 morts et 7 515 cas positifs.
Et sur le plan politique, la crise amplifiée au lendemain des législatives a atteint son pic depuis le 6 avril dernier. Depuis cette date, on a eu des manifestations qui ont éclaté notamment dans certaines villes du nord et du centre, manifestations reprimées par les militaires à balles réelles.
A Abomey-Calavi et à Cotonou, plusieurs centres de vote ont ouvert à 7 heures pour être fermés effectivement à 16 heures. Mais le constat est clair qu’il n’y a pas eu d’affluence au niveau de ces centres de votes. La remarque est identique dans les 12 départements que compte le Bénin. Dans certaines communes, le vote a été purement et simplement perturbé. Surtout à Savè selon des témoins oculaires, « Deux bureaux sur 60 ont ouvert, mais un homme vertu de gilet rouge sur lequel est accroché des gris-gris a ramassé tout le matériel et les a brûlés ». A Tchaourou, la situation a été davantage très préoccupante, car aucun bureau de vote n’a ouvert.
Malgré le recours aux crieurs publics qui ont été mis en contribution pour parcourir certains villages et quartiers de ville des arrondissements, pour inviter les électeurs à se rendre dans les centres et bureaux de vote pour aller exprimer leur suffrage, rien n’y fit. Mégaphone en main, à pied ou à moto, ces crieurs publics, à quelques heures de la fermeture réglementaire des bureaux de vote ont sillonné les ruelles des quartiers de villes pour inviter les électeurs à aller accomplir leur devoir civique à cause de manque d’affluence dans les lieux de vote.
Comment expliquer le boycott des Béninois ? Il faut souligner qu’il y a eu la veille du scrutin l’appel d’une partie de l’opposition qui : « a dénoncé la prorogation du mandat présidentiel et une « présidentielle non inclusive et a invité les Béninois à boycotter ce scrutin ». Au nombre des structures faitières qui ont lancé ces appels, on a Les Démocrates » de Eric Houndété, la Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement (DUD) de Valentin Aditi Houdé, Grande solidarité républicaine (GSR) d’Antoine Guédou et Le Rassemblement de Joël Aïvo (RJA).
A noter que 11 centres de vote ont été installés dans sept pays pour les accueillir les Béninois de la diaspora dans l’expression de leur droit civique. Mais le constat est pareil aussi dans les différents pays. Il s’agit de la Côte d’Ivoire à Abidjan, au Nigéria trois villes ont été choisies (Abuja, Ibadan et Lagos). Tout comme, la République du Congo-Brazzaville avec deux postes un à Brazzaville et le second à Pointe Noire. A Dakar au Sénégal, les compatriotes ont eu également le privilège d’accomplir leur devoir citoyen. Et puis, à Libreville au Gabon, sans oublier les Etats-Unis et la France.
Parution L’Afrique en Marche du lundi 12 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.