L'afrique en marche

Bénin justice/Procès d’opposants : De la mer à boire pour les avocats.

Bénin justice/Procès d’opposants :  De la mer à boire pour les avocats.

(Dossiers d’inculpation introuvables).

Arrêtés avant ou au lendemain de l’élection présidentielle du 11 avril dernier, et à quelques jours du procès de certains opposants et autres activistes de la société civile, leurs conseils vivent le calvaire. Face à cette situation, la majorité des avocats ne savent à quels saints se vouer. 

Sur quelle base, les avocats vont-ils plaider dans les tout prochains jours ? Que reproche-t-on exactement noir sur blanc à leurs clients ? Le doute subsiste toujours, car aucun des avocats n’a pour le moment accès au dossier. 

Déboussolé par cet imbroglio, Ludovic Hennebel, enseignant et avocat chargé de la défense du constitutionnaliste Aïvo, a fait savoir il y a quelques jours, les risques et les graves violations des droits de l’homme et du droit à un procès équitable qui causent des préjudices à son client. 

Le 15 juillet 2021, Frédéric Aïvo, professeur titulaire d’université et expert près l’ONU, comparaîtra avec ses avocats devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Comme lui, plusieurs autres opposants sont dans la même situation. 

Considérés comme des ‘’otages du pouvoir’’, les avocats de ces personnalités et têtes pensantes du monde en matière de respect des droits de l’homme n’ont pas accès aux dossiers de leurs clients pour savoir comment ou sur quoi fonder leur défense. 

Zig zag juridique.

Outre Me Hennebel, Me Antoine Vey, l’un des conseils de l’ancienne ministre de la Justice du Bénin et précédemment conseillère à la micro finance du président togolais, Reckya Madougou avait dénoncé également les mêmes faits. 

Mieux, l’opposante et son conseil naviguent à vue. Car contrairement aux autres qui connaissent leur date de comparution, elle ne sait quand elle aura droit à un procès avant de parler d’équité. 

Pourquoi les avocats de la défense n’ont-ils pas accès aux dossiers ? Doit-on imaginer une volonté délibérée de mettre en difficulté la défense et de bafouer les droits de la défense et le droit à un procès équitable?

Pourtant, l’actuel chef de l’Etat, dans un passé n’avait-il pas dit qu’un Etat qui ne respecte pas les décisions et les procédures judiciaires, est un Etat voyou ?

A deux semaines des procès, que peuvent alors les avocats au regard des prétendues accusations portées à l’encontre d’opposants et activistes de la société civile incarcérés ? Même les pires criminels les plus redoutables partout au monde ont droit à des procès dans les règles de l’art. Pourquoi fait-on le contraire ici pour des personnalités politiques ? Parce qu’elles ne sont pas en phase avec la gouvernance de la ‘’Rupture’’ doit-on torpiller autant leurs droits élémentaires à un procès équitable ?

Par Christian AFFAME

Journal L’Afrique en Marche du lundi 28 juin 2021

Bénédicte DEGBEY

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.