BENIN / JUSTICE : DEMISSION DU JUGE DES LIBERTES A LA CRIET
« DANS LE DOSSIER MADOUGOU, NOUS AVONS REÇU DES PRESSIONS DE LA CHANCELLERIE », DIT LE JUGE ESSOWE BATAMOUSSI SUR RFI
Le juge des libertés à la Criet, Essowé Batamoussi n’est pas n’importe qui. Dans la chaine de la justice contre les opposants du régime Talon, son « OUI » ou son « NON » vous conduit à la célèbre prison de Missérété. Madougou qui en a fait les frais en sait quelque chose.
Par Christian AFFAMÈ
« Dans le dossier Madougou, nous avons reçu des pressions de la chancellerie… », a laissé entendre Essowé Batamoussi, juge des libertés à la Criet sur RFI ce matin.
C’est donc officiel, Essowé Batamoussi a claqué la porte, a jeté l’éponge et a lâché ses commanditaires de la chancellerie. Et qui dit ‘’chancellerie’’ dit en sous-titre les patrons de la ‘’Rupture’’ depuis le ministère de la Justice en passant par le Conseil supérieur de la magistrature sous la tutelle directe du chef de l’Etat.
Il a déjà quitté le Bénin pour se mettre en lieu sûr. Il a abandonné son poste de juge des libertés à la Criet qui lui permettait d’envoyer dans les geôles de Missérété.
Les masques tombent.
En parlant de pressions et de directives dans le dossier ‘’Madougou’’, Essowé Batamoussi donne-t-il raison à une certaine opinion qui taxait la Criet de ‘’Cour de répression des opposants’’ ?
En mars dernier, la candidate du parti ‘’Les Démocrates’’, Reckya Madougou, a été mise en examen et ‘’jetée’’ à la prison de Missérété pour un terrorisme. Pour des spécialistes de la justice, le dossier de Madougou est vide. Certains conseils de la candidate de ce parti de l’opposition ont même parlé de pressions sur les juges de la Criet. D’autres ont même laissé à la postérité qu’ : « Il n’y a jamais eu de miracles à la Criet au profit des opposants, car les juges sont subordonnés à la Chancellerie et au Conseil supérieur de la magistrature. ».
Après cette décision de Essowé Batamoussi qui parle de pressions et de directives dans le dossier ‘’Madougou’’, on attend la réaction du gouvernement.
C’est qui le juge des libertés ?
Le juge des libertés et de la détention (dit « JLD » en pratique), en procédure pénale est un magistrat du siège « spécialement chargé de statuer sur la mise en détention provisoire d’une personne mise en examen, et sur ses éventuelles demandes de mise en liberté ».
Il est aussi chargé d’autoriser éventuellement le Parquet à accomplir certains actes dans certains types d’enquêtes. Il est chargé de statuer sur la rétention administrative des étrangers et sur les demandes de prolongation d’hospitalisations psychiatriques sous contrainte.
Le journal l’Afrique en marche du lundi 5 avril 2021