L'afrique en marche

BENIN/FIN DE MANDAT : TALON A VIOLE SON SERMENT

Le fumier populaire du suffrage universel lui a donné cinq ans. Mais Talon finit son mandat ce jour sans avoir respecté son serment.
Patrice Talon a modifié la Constitution et s’est accroché à curieux concept d’alignement des mandats au lieu de respecter les dispositions constitutionnelles relatives à la durée de l’exercice présidentiel qui est de cinq ans. Conséquence, le chef de l’Etat élu le 6 avril 2016 finit son mandat de cinq ce jour 6 avril 2021 sans que le Bénin n’ait un nouveau président. Et voici le pays qui est plongé dans toutes les incertitudes et hypothèses aléatoires. Comment Patrice Talon est-il parvenu à cet  » exploit » ?
RENONCER À SA PAROLE
Tout a commencé avec le dialogue politique qui a été organisé en octobre 2019 suite aux législatives exclusives. Elles ont fait de nombreux morts dans plusieurs villes du Bénin, mais surtout à Cadjèhoun, un quartier de Cotonou. Mais au lieu de décrisper la situation politique due à l’exclusion des partis de l’opposition sous fond de défaut de certificat de conformité, le dialogue politique a permis à Patrice Talon et ses sbires de sauter sur une terre non bornée. Ils savent qu’il y a un risque. Ils l’ont fait en conséquence de cause.
Et avec ce dialogue politique, le régime de la  » Rupture » est rentré dans une série de perspectives non maîtrisées. Deux semaines après ce dialogue, Patrice Talon et les siens ont procédé le 1er novembre 2019 à la révision de la Constitution. Sans convictions, sans connaissances sérieuses des fondamentaux du droit constitutionnel, avec audace et avec farces, la Constitution de 1990 a été révisée.
Et à la clé, on a eu ce concept dit d’alignement de mandat avec toutes ses interprétations de droit possibles.
Et la plus importante mais dangereuse de ces interprétations de droit, est le mandat constitutionnel. Ainsi, au lieu de finir son mandat ce jour 6 avril 2021, les demi-lettrés constitutionnels du régime ont donné à leur champignon Patrice Talon, un bonus de 47 jours.
Dès lors, certains esprits très éclairés en la matière ont déploré cet état de fait. On peut citer Théodore Holo, Joël Aïvo, Philippe Noudjènoumè, Kato Atita… Le régime du  »Bénin révélé » a cru qu’il maîtrisait la situation jusqu’à la veille de la présidentielle quand le leader du  »Dialogue itinérant, le constitutionnaliste Aïvo a fait fleurir son parcours avec son slogan tintamarre :  » Cinq ans c’est cinq ans ».
Malgré cette pression populaire, Patrice Talon n’a pas reculé. Mieux, il a été aidé par la Commission électorale nationale autonome (Cena) qui a décliné le calendrier électoral relatif à la présidentielle en fixant la tenue du scrutin au 11 avril 2021 soit cinq jours après la fin du mandat constitutionnel de Talon.
QUAND L’ALIGNEMENT RATTRAPE LA RUPTURE.
Et voici le Bénin ce jour 6 avril 2021 sans président de la République. Pour le pêcheur dans la nuit, la terre est bornée quand il y a la lune. Dans le cas contraire, la rivière est illimitée. Autrement dit entre des objectifs qui révèlent des choix qui par définition sont fondés sur une réalité imparfaite, Talon et les siens ont fait un choix. Ils ont décidé de violer le serment du 6 avril 2016.
S’ils gagnent cette bataille qui découle de leur violation du serment d’investiture, ils doivent apprendre à sortir des intrigues. Pourront-ils le faire eux qui par la violation des textes de la République durant cinq ans ont étoilé le peu de respectabilité qui restait encore à la classe politique?
Firmin TEKLY correspondant en France.
Le journal l’Afrique en marche du mardi 6 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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