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Bénin/ Filières agricoles : La science au service de la rentabilité de l’ananas

Bénin/ Filières agricoles : La science au service de la rentabilité de l’ananas

Les ‘’vitroplants’’ sont là. La science a été mise à contribution pour améliorer la qualité de l’ananas et augmenter la production à l’hectare. Et l’espoir renait chez les producteurs d’ananas au Bénin qui croient qu’ils ont l’occasion d’augmenter leur production et du coup leurs recettes.

Des institutions en charge de la recherche agricole au Bénin ont mis à la disposition des producteurs d’ananas, plus de 10. 000 ‘’vitroplants’’. Avec cette technique, la production à l’hectare est passée chez certains producteurs de 50 à 60 tonnes. Et ils sont naturellement aux anges.  

Assis sur une chaise au milieu d’un tas d’ananas, Luc Sandji qui s’est spécialité dans la culture de l’ananas supervise la coupe de ses fruits dans son champ de deux hectares à Sékou, commune d’Allada. « Ce secteur a désormais de beaux jours, car grâce aux ‘’vitroplants’’, grâce à la contribution de la science qui vient appuyer les recherches agricoles, on fera des prouesses dans notre secteur. Avec les ‘’vitroplants’’, je suis passé à l’hectare, de 30 à 55 tonnes. », déclare-t-il avant de poursuivre. « C’est une filière qui sera davantage très rentable. Grâce aux ‘’vitroplants’’, j’espère faire un chiffre d’affaire de plus de trois millions de F CFA de recettes, moi qui avait moins d’un million », a-t-il laissé entendre.

A peine a-t-il fini sa déclaration que déjà, deux femmes s’avancent vers lui. Elles sont ses clientes. Elles sont des transformatrices de l’ananas en jus. Après quelques minutes d’échanges, le tricycle avec lequel elles sont venues charger l’ananas est là. « Se sont mes clientes. Elles viennent souvent prendre des tas d’ananas qu’elles transforment en jus. ».

La science au service de l’agro.

‘’Vitroplant’’ ! C’est l’expression à la mode dans les champs d’ananas. Tous les producteurs évoquent cette expression sans en connaitre les tenants. Pour la majorité des producteurs qui ont adoubé le ‘’vitroplant’’, comme Camille Ahissou : « C’est un plant qui nous permet d’améliorer notre production. ».

Pour l’ingénieur agronome Serge Clanta : « Le ‘’vitroplant’’ est un plant obtenu au laboratoire. Ce plant l’est par culture « in vitro» de tissus isolés à partir d’un plant-mère choisi en fonction de ses qualités sur un milieu synthétique dans des conditions stériles, un environnement contrôlé et un espace réduit. », a-t-il laissé à la postérité.

A la question de savoir si les lendemains sont si enchantés comme le prédisent les producteurs, il répond que : « Avec cette technique, la production d’ananas à l’hectare va être qualitativement et quantitativement augmentée de l’ordre de 50 à 60 tonnes à l’hectare. ».

Les détracteurs du’’ vitroplant’’

Malgré cette nouvelle perspective, certains sont réfractaires aux ‘’vitroplant’’, car la filière ananas attend toujours de relever le défi de l’exportation. Cette faible participation résulte de la difficulté de transformation du produit. « Comment au moment où nombre de paysans sont contraints chaque saison de jeter des tonnes d’ananas pourris n’ayant pas pu les écouler sur le marché local, on nous parle avec enthousiasme du ‘’vitroplant’’ », s’insurge Alain Kangbénou. Il poursuit : « Il arrive que nous connaissons la mévente surtout quand il faut se contenter seulement des acheteurs locaux. Avec cette pandémie de Covid-19, nous en avons vraiment souffert. Les frontières étant fermées nous n’arrivons plus à exporter nos produits. ».

L’ananas du Bénin ne se vend qu’au Nigeria, au Togo et le reste sur le marché national. Ce qui fait que la filière ananas contribue dans une certaine mesure pour 1,2% du Pib national. « Nous éprouvons beaucoup de difficultés pour écouler nos récoltes. Si pendant un temps si court tu ne cèdes pas ta récolte au prix voulu par les marchands, tu risques de jeter des centaines de tonnes d’ananas. Et ce sera des pertes pour toi », a-t-il laissé entendre pour finir.  

Troisième produit agricole au Bénin en terme de contribution au produit intérieur brut, après le coton et l’acajou, la filière ananas reste aujourd’hui l’un des secteurs très prisés, car elle contribue à près de 20 milliards de francs CFA à l’économie béninoise. Bien que cette filière soit loin d’être un secteur où tout va bien, les acteurs du secteur ne se plaignent pas trop.

Pour les responsables de la Coopérative des producteurs d’ananas, seule la transformation pourrait sauver les acteurs de la filière, surtout les producteurs. « L’industrie de transformation de l’ananas en jus chez nous est encore rudimentaire. La plupart du temps, ceux qui le font utilisent les bouteilles de bière recyclées, des capsules recyclés. Or ces jus ne peuvent pas aller loin. Ils sont seulement livrés dans des pays de la sous-région. Et là encore, ce n’est pas tous ces pays qui prennent nos produits », a déclaré Emmanuel Kiti.

Face à cette situation, Il faut noter que depuis quelques temps, le gouvernement entend appuyer les producteurs d’ananas. Dans ce processus, une plateforme regroupant les acteurs, depuis le paysan jusqu’aux commerçants en passant par les transformateurs et les institutions de recherche agricoles dont les travaux ont abouti au ‘’vitroplant’’.

Cette plateforme vise entre autres à promouvoir une agriculture intensive de l’ananas. La transformation et la commercialisation seront mieux encadrées. Déjà, les premiers efforts sont visibles. Désormais à l’aéroport de Cotonou, une chambre froide est disponible pour les exportateurs.

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La filière ananas connait depuis quelques années au Bénin, un regain d’intérêt. Après les périodes de vaches maigres où la filière a enregistré une baisse de production à cause des aléas climatiques et d’une mauvaise organisation, la filière reprend progressivement.

 Par Ornela PARAISO.  

Journal L’Afrique en Marche du 21 juin 2021.

Bénédicte DEGBEY

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