A Cotonou, Calavi et environs, les entreprises familiales poussent comme des champions. Des parents sont décidés d’investir pour leurs enfants, un moyen pour les sortir du chômage et du sous-emploi.
Par Anielle DAGBEWATO
Supérettes, centres informatiques, centres de formation professionnelles, poissonneries multiservices, quincaillerie… constituent le lot des entreprises familiales en pleine expansion. Nous sommes à Calavi.
Du carrefour kpota à Aïtchédji dans la commune de Calavi, on en dénombre plusieurs. Mises en place pour soutenir leurs enfants en fin de formation ou au chômage, ces entreprises familiales sont gérées par des personnes qui sont en majorité des membres d’une même famille.
Le manque d’emploi amène certains parents ou familles à ouvrir des magasins alimentaires, centres de formation, prêt à porter et autres afin d’aider leurs enfants en quête d’emploi. Ce qui leur permet de s’occuper. Mais avant, il faut investir.
Des initiatives familiales pour lutter contre le chômage des enfants.
Gatien Yétongni est un comptable à la retraite. Il confie avoir déboursé quelques quatre millions pour installer une supérette pour ses trois enfants qui en avaient marre de déposer les demandes d’emplois à droite à gauche sans succès. Il confie : « Les deux ainés ont fait le projet qu’il m’ont soumis et j’ai accepté. Ils ont trois ans pour me rembourser le capital. Ils y mettent du sérieux et cela me rassure. ». Non loin d’eux, se trouve un centre informatique qui sert aussi de papeterie détenu par Lionel Atchoudé, sa mère et ses deux sœurs. Titulaire d’une maîtrise en sociologie depuis plus de 10 ans et fatigué de collectionner les stages, il a pris en main son destin avec l’aide de sa mère, agent dans un ministère de la place : « Maman a fait un prêt de cinq millions pour le début. Et on y a ajouté nos petites économies », confie Lionel, le gérant accompagné des autres membres de la famille.
Si la gestion d’une entreprise familiale s’apparente à la gestion de toute petite entreprise, toutefois, certains conflits de leadership où de discorde surgissent. Il n’est pas exclure d’enregistrer des problèmes récurrents comme les disputes en lien avec l’exploitation quotidienne; des divergences d’opinion sur la division ou l’utilisation du profit de l’entreprise sans oublier un taux de roulement élevé. Si un membre de la famille est responsable de l’exploitation, il devrait être capable de négocier au nom des membres pour prendre la meilleure décision pour l’entreprise. Ce qui n’est pas souvent le cas.
Dans ces conditions, le choix de recourir à un gestionnaire externe à la famille pour la bonne gestion de l’entreprise est vite fait. Le cas de ‘’Hosana Services Plus’’, une entreprise familiale qui fait dans l’agroalimentaire et du froid est un exemple parmi tant d’autres. Le père a dû opter pour un gestionnaire extérieur qui doit rendre des comptes dans le strict respect des règles de l’art en ce qui concerne les livraisons, les inventaires et gestion des fonds. Alice, la benjamine de la famille qui assiste le gestionnaire trouve que cette décision est salutaire pour l’entreprise. Et chacun y trouve sont compte. « A un moment donné, la gestion entre nous pourtant tous des frères était devenue plus compliquée avec des pertes enregistrées sur plusieurs mois. On y a investi une dizaine de millions et il fallait vite agir. Aujourd’hui tout va bien et l’entreprise se porte comme un charme.» se réjouit-elle.