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Bénin/Education : Les répétiteurs de plus en plus demandés pour les matières scientifiques

Bénin/Education : Les répétiteurs de plus en plus demandés pour les matières scientifiques

En matière de cours de soutien scolaire à domicile, il y en a très peu dans les matières littéraires. Ce qui n’est pas le cas dans les matières scientifiques.
Par Ornela PARAISO
Joséphine est en classe de 1ère D. Parce qu’elle s’en sort difficilement en Mathématiques sa mère a dû faire appel à un professeur pour des cours de renforcement à domicile. « Depuis trois mois, j’ai sollicité l’aide d’une dame qui enseigne les maths. Elle vient deix fois par semaine pour encadrer ma fille. C’est une charge supplémentaire, mais c’est pour la bonne cause», confie la maman de Joséphine. «Les apprenants de nos jours ne cherchent pas à comprendre les sciences par manque d’envie ; ils ne cherchent pas à s’exercer à la maison, ils ne font même pas l’effort de réviser les cours, les formules. Ils ne s’approprient pas les définitions ; ainsi, ils ne pourront jamais aimer les mathématiques. Même avec un répétiteur à la maison, rien n’est gagné d’avance» explique Mathieu Noudémè, professeur de Maths.
Pendant ce temps, très peu de professeurs de matières littéraires sont sollicités si ce n’est les professeurs de français. « Ce n’est pas aisé de trouver des répétitions à domicile en tant que professeur d’histoire et de géographie. Seules nos collègues qui font français ont cette chance. Dans ma matière par exemple, les apprenants doivent apprendre juste leurs cours. Ils n’ont pas besoin d’apport extérieur », explique Honoré Tétéssi, enseignant d’histoire et de géographie à Ouidah.
Les répétiteurs sont plus sollicités dans les matières scientifiques. Ici, on peut citer les SVT, les SPCT et surtout les mathématiques. Ces dernières ont été depuis des lustres, chacune une matière difficile à assimiler par les apprenants et peu aisée à enseigner par les professeurs. Ce qui n’est pas le cas des matières littéraires très peu sollicitées en ce qui concerne les cours de soutien scolaire.
Maths et littérature à la bourse des connaissances.
A partir de la 6ème, les maths, la physique et la chimie, pour la plupart des apprenants sont perçues comme des matières assez difficiles. D’où le recours des parents aux cours de soutien scolaire. Ce n’est pas un défaut de ces disciplines, il est l’une de leurs caractéristiques, peut-être l’essence même de leurs intérêts, a dit un professeur de maths.
Alors que dans les matières littéraires, outre l’apprentissage du cours, il suffit de bien s’exprimer à l’écrit et de maîtriser la méthodologie des différents exercices : commentaire, dissertation et contraction de texte pour s’en sortir. « Le meilleur moyen est de s’entraîner avec des annales », a affirmé un adolescent en classe de seconde. « Les matières littéraires invitent les élèves à s’ouvrir et à réfléchir par eux-mêmes, il va de soi que le dialogue avec des camarades de classe ou à la maison sur des sujets et thèmes de cours peuvent aider l’élève à apprécier un jugement, le contredire ou encore à se forger sa propre opinion critique. C’est en cela que les matières littéraires semblent plus aisées et ouvrent des portes aux élèves », confie un professeur de philosophie.
En français et en littérature, il est primordial de maîtriser parfaitement les œuvres étudiées aux cours de façon à pouvoir en parler aisément dans les devoirs. En histoire et géographie, il faut mémoriser les événements, leurs dates et les personnalités liés à chaque cours afin de ne pas décrédibiliser son propos par des anachronismes. En géographie, il s’entraîner à maitriser les enjeux et en philosophie, il sera essentiel de connaître son cours, ainsi que quelques auteurs sur lesquels il faut savoir opiner en interrogation écrite et en devoir. « Il s’agit de lire, d’apprendre les cours dans les matières littéraires. Cela dépend de la volonté de l’apprenant à se donner, à trouver du temps pour lire, lire et toujours lire. Mais les sciences sont différentes. Il faut d’abord apprendre par cœur les formules puis faire des exercices de démonstrations au quotidien », explique Alice Fadévi, enseignante des mathématiques dans un collège catholique de la place.
Ce qui est évident est qu’il existe actuellement une inquiétude largement partagée concernant l’état aussi bien de l’enseignement des sciences que le désintérêt des apprenants pour ces matières qui depuis des siècles constituent la bête noire de la plupart des élèves. Une situation qui arrange bien les enseignants des matières scientifiques qui trouvent leur compte auprès des parents soucieux de voir leurs enfants réussir dans les sciences.
Journal L’Afrique en Marche du mercredi 21 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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