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Bénin/Éducation : La participation des parents s’impose

Bénin/Éducation : La participation des parents s’impose

Dans le processus d’encadrement et d’éducation de l’enfant, il doit y avoir nécessairement la partition de deux acteurs. Il s’agit de la famille et de l’école.
Nous sommes dans un Collège d’enseignement général de Cotonou. Il est 10h30. Le bureau du surveillant général est devenu exigu compte tenu du nombre d’apprenants renvoyés vers le surveillant général par les professeurs pour subir une punition. Retard au cours, perturbation du cours, exercices non faits, manquement aux professeurs, tenues débraillées, coiffures extravagantes… sont entre autres les motifs ayant conduit la vingtaine d’apprenants hors des salles de cours.
« Au quotidien, nous sommes débordés par le nombre d’apprenants à punir. Tout porte à croire que certains élèves ne vivent plus avec leurs parents », se désole le surveillant général ayant requis l’anonymat. Faire appel au sens de responsabilités des familles et particulièrement à leur responsabilité éducative, s’impose donc. D’ailleurs, Fulgence Ahouangonou, coach en leadership parental en fait une recommandation.
Sa vision des choses semble être la réponse appropriée aux multiples déviances observées chez les jeunes adolescents de nos jours. Les parents des adolescents et même de la génération en âge d’avoir des enfants ne savent plus comment les éduquer. Ils ont de grosses difficultés de communication avec leurs enfants. On voit de plus en plus d’enfants capricieux, qui ne respectent plus leurs parents ou même leurs enseignants, qui s’expriment mal.
Il faut donc réapprendre aux enfants le sens du bien et du mal, leur inculquer quelques notions de morale élémentaire.
UNE MISSION CAPITALE
La famille doit etre au centre même du processus éducatif. Avant l’école, pendant l’école, après l’école, il y a la famille. « Les parents ont à porter cette responsabilité primordiale : conduire leurs enfants vers l’état adulte. Ils peuvent et doivent sous-traiter certains aspects du processus éducatif, notamment l’apprentissage des savoirs scolaires et la formation professionnelle, mais ce n’est en aucun cas un abandon de responsabilité. « Les parents doivent surveiller le bon déroulement des opérations, motiver l’enfant puis l’adolescent dans son apprentissage, l’encourager, l’accompagner, l’orienter puis, quand il grandit, l’aider à s’orienter lui-même », explique Alphonse Totin, un directeur d’école privée. Il arrive que des parents, dépassés par les événements, ou insouciants, ne se préoccupent guère de ce que leurs enfants font en classe. Ce n’est pas agir de façon responsable. « L’enfant a besoin de sentir que ses parents s’intéressent à ses études. L’apprentissage de la lecture et de l’écriture, par exemple, s’effectuent beaucoup mieux si les parents motivent l’enfant en lui montrant que la lecture introduit à un monde plein de richesses et de découvertes. Même des parents analphabètes peuvent donner à leurs enfants l’envie d’apprendre à lire ! Il suffit qu’eux-mêmes aient un désir réel que l’enfant pénètre dans ce monde d’où ils sont exclus », explique un parent d’élève.
Comment l’indispensable dialogue parents-enfants relatif au travail scolaire peut-il se dérouler si pour les parents, le monde dans lequel l’enfant vit une grande partie du temps est totalement inconnu ? Il faut donc organiser des sessions au cours desquelles, les parents puissent se « recycler » en matière de fonctionnement du système scolaire. « L’association des parents d’élèves doit entrer de plein pied dans son rôle en accompagnant le processus de l’école dans l’encadrement et le suivi des enfants. », confie Alidou Abou, surveillant d’un établissement à Calavi.
LES GRANDS PARENTS
Incontestablement, les grands-parents ont un rôle important à jouer auprès de leurs petits-enfants. Ils sont appelés à les prendre en charge dans bien des circonstances ; ils peuvent leur parler de l’enfance de leurs parents ; ils les introduisent dans la dimension du temps, en leur faisant connaître de façon vivante, personnelle, une époque où la vie était bien différente.
Les grands-parents peuvent contribuer largement à l’éducation de leurs petits-enfants en leur léguant les us et coutumes, savoirs divers, politesse, morale, religion le cas échéant. Ils sont souvent là dans des moments de difficulté, par exemple quand le couple parental traverse une crise ou quand le jeune vit un échec scolaire ou une peine de cœur. Ils peuvent être les confidents de premiers émois amoureux ou ceux d’une réflexion difficile en matière d’orientation scolaire et professionnelle.
Bref, il est peu de domaine où les grands parents ne soient pas susceptibles de jouer un rôle éducatif. « Mes enfants sont gardés en semaines par ma mère. Elle s’entend bien avec eux. Ce qui nous facilite la tâche. C’est une institutrice à la retraite donc elle a un regard sur leurs études », explique Gontran Nobimè, père de trois enfants.
Mais le grand-père ne doit pas se prendre pour le père et la grand-mère ne doit pas se substituer à la mère. Le poids de l’âge et la fatigue aidant, les pépés et mémés comme on les appelle affectueusement, n’ont plus l’énergie nécessaire pour prendre intégralement sur eux la responsabilité d’éduquer leurs petits enfants. Ainsi, comme les enseignants, les grands-parents doivent appuyer les parents, à qui revient, la plénitude de la responsabilité éducative des enfants.
Comme on le voit, la famille exerce une fonction éducatrice sans laquelle la partition de l’école est compromise. Face aux comportements déplacés de bon nombre d’apprenants, il est primordial que certains parents se réapproprient leur rôle d’éducateur.
Par Esther HOUÈVI.
Journal L’Afrique en Marche du mercredi 05 mai 2021

Bénédicte DEGBEY

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