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Bénin/Économie : Hausse des prix des produits de première nécessité.

Bénin/Économie :  Hausse des prix des produits de première nécessité.

( La BCEAO avait prévenu)

Du gari au riz en passant le haricot, le sucre, le lait… Tout est désormais cher. Et la hausse continuelle du prix des produits de première nécessité devient inquiétant et ne rassure plus tous les usagers des marchés et les consommateurs. Tout ce beau monde s’en plaint au quotidien.

Il y a un sketch de télévision populaire au Bénin qui tourne en boucle. Codjo, un fermier a renvoyé son épouse, car elle a extrapolé le montant des courses. Au marché suivant, il est allé faire lui-même les emplettes. A cette occasion, il découvre que les prix ont bel et bien doublé et regrette alors d’avoir éconduit son épouse.

De la fiction, on est aujourd’hui face à la triste réalité. La population s’inquiète face à la hausse des prix des produits de première nécessité observée depuis quelques jours dans les marchés sur toute l’étendue du territoire national et plus spécialement dans la ville de Cotonou.

Dame Micheline est une mère de famille qui a l’habitude de faire ses ravitaillements tous les mois au marché ‘’Dantokpa’’. Cette fois-ci les 20.000 F CFA avec lesquels, elle fait le plein de son panier n’est plus d’actualité. Dans l’après-midi de ce mercredi du mois de juin, la voici sous un soleil de plomb à faire le tour des étalages dans le but de trouver le meilleur prix. Tout est cher. Fatiguée, elle se confie : « Honnêtement, je suis fatiguée. Tout est à la hausse ici au marché. Mes 20.000 F CFA m’aidait à faire le ravitaillement pour tout le mois il y a quelques jours, mais aujourd’hui ce n’est plus possible. Jusque-là, j’ai encore rien acheté d’important. Ce qu’on achetait à 500 F est passé à 700 F. Le litre d’huile qu’on prenait à 750 F est désormais à 900 F». A l’instar de Dame Micheline, tous les autres usagers se plaignent de la hausse des prix des denrées alimentaires. « C’est vraiment difficile. Même le gari que nous avons l’habitude de prendre à 300 F le kilo est passé à 500 voire 600 F dans un pays où le Smig est à 40.000 F. Comment peut-on s’en sortir ?

On croise les doigts

La hausse des prix est durement ressentie par un grand nombre de couches sociales. « Les prix de certains produits ont augmenté de sorte que même les personnes qui travaillent n’ont plus les moyens de se les procurer », a déclaré Anselme Amoussou, enseignant.

Mais ce sont les populations rurales qui en pâtissent le plus. Etienne Badou, membre de la Ligue de défense des consommateurs du Bénin (LDCB), « Même si en milieu urbain, les populations peuvent supporter dans une certaine mesure la hausse, ce n’est pas le cas par rapport aux zones rurales où les populations sont plus pauvres. ». Il suffit de se référer aux taux de carence nutritionnelle les plus élevés du Bénin qui sont d’ailleurs observés dans les communes de Malamville et Karimama, dans le nord du pays.

La BECEAO avait pourtant prévenue.

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dans son ‘’Rapport sur l’évolution des prix à la consommation dans l’Uemoa en 2019 et perspectives’’, l’institution a projeté un renchérissement des céréales locales notamment dans les pays sahéliens enclavés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

A en croire les économistes, après la forte baisse notée en 2019, les produits devraient coûter un peu plus cher en raison des résultats relativement moins satisfaisants de la production au cours de la campagne agricole 2019-2020. Le taux d’inflation, en moyenne annuelle, dans la zone s’établirait à 0,8 % en 2020 suivant le scénario central de prévision. Il se situerait dans un intervalle de 0,4 % à 1,2 % d’après les scénarios baissiers (optimiste) et haussier (pessimiste) dans l’ensemble des pays. Et en 2021, la hausse des prix serait de 1,4 % suivant le scénario central et évoluerait entre 0,7 % et 2,2 %, selon les deux autres scénarios, indique la BCEAO.

Néanmoins, la hausse des prix en 2020 et 2021 resterait dans la zone de confort définie pour la mise en œuvre de la politique monétaire, précise-t-elle. Seulement, souligne la BCEAO : « Les perspectives d’évolution des prix sus-retracées ne prennent pas en compte l’impact du nouveau coronavirus (Covid-19) sur les économies de l’Uemoa.».

En raison de la pandémie du Covid-19, il peut être relevé une augmentation des prix des produits alimentaires, en lien avec les difficultés d’approvisionnement. Par ailleurs, l’extension de la pandémie pourrait accentuer la baisse du prix du baril de pétrole, les transports et les usines tournant au ralenti.

La Banque mondiale, dans son dernier rapport ‘’Africa’s Pulse’’, annonce une profonde récession dans les pays en Afrique subsaharienne. La croissance économique établie à 2,4 % en 2019 pourrait chuter jusqu’à 5,1 % en 2020 dans le pire des cas.

La maladie du nouveau coronavirus risque de porter un coup dur aux pays de la zone Uemoa, avec la contraction de la production agricole, entraînant même une crise alimentaire qui se solderait par la baisse des importations de denrées alimentaires du fait du renchérissement des coûts de transaction.

Fortunes diverses

Le taux d’inflation dans les Etats membres de l’Uemoa s’est globalement inscrit en baisse. Mais la situation varie d’un pays à un autre. Globalement, l’on a noté une baisse du niveau général des prix principalement dans les pays sahéliens enclavés (Burkina, Mali et Niger) et dans une moindre mesure au Bénin en 2019, mais les autres pays ont enregistré une progression des prix au cours de l’année.

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Le niveau général des prix à la consommation a enregistré une variation moyenne de -0,7 % en 2019 contre 1,2 % en 2018. La hausse de 9,0 % de la production céréalière au cours de la campagne 2018/2019 et la baisse de la demande extérieure dans certains pays, en raison de la situation sécuritaire, constituent les facteurs essentiels de ce repli des prix des produits alimentaires.

Emeric C. OKOUPELI

 Journal L’Afrique en Marche du lundi 07 juin 2021

Bénédicte DEGBEY

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