Hélène Tigroudja s’indigne :« des attaques de l’Etat contre les droits de l’homme » et de certaines décisions de la Cour Djogbénou.
Le Bénin n’est plus un modèle d’Etat de droit et de démocratie. C’est le constat fait mercredi 2 juin dernier par un panel international d’universitaires, d’avocats, de législateurs et de journalistes.
Au total, une cinquantaine d’experts d’Afrique et d’Europe réunis autour du thème « Bénin : l’Etat de droit en péril », à l’initiative de l’Alliance pour l’Aube Nouvelle et la Démocratie (ANDD).
Au cours de ce colloque destiné à analyser la situation des droits de l’homme au Bénin depuis quelques années, une intervention a particulièrement retenu l’attention, c’est celle de la professeure Hélène Tigroudja, membre experte du Comité des droits de l’homme des Nations Unies.
Sur la base de faits documentés, la spéciaiste des droits de l’homme a mis en lumière la marche à reculons de ce qui était considéré jusqu’à récemment encore comme un modèle d’état de droit. « Du point de vue du droit international et régional, ce qui se passe est tout à fait inattendu de la part du Bénin. Nous assistons depuis deux ou trois ans à des attaques extrêmement dures vis-à-vis des structures de protections des droits de l’homme dont la Cour africaine des Droits de l’homme et des peuples, mais également la cour de justice de la CEDEAO.»
La cour au ban des accusés
Le plus inquiétant, de l’avis de Madame Tigroudja, ces attaques ne viennent pas uniquement du pouvoir exécutif, « mais de la Cour Constitutionnelle elle-même qui, par exemple, en 2020 a considéré que le Bénin n’avait pas à suivre les décisions de la cour de justice de la CEDEAO. Ça c’est quelque chose de très inquiétant », a déclaré l’experte.
Poursuivant son argumentaire, elle a déclaré que la dernière élection présidentielle n’aurait jamais dû se dérouler dans les conditions où elles se sont déroulées parce que, rappelle-t-elle: « la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a été très claire par rapport à la révision constitutionnelle qui n’est pas du tout conforme aux obligations du Bénin et en particulier à l’obligation de consulter le peuple béninois en respectant ce qu’on appelle en droit régionale, le consensus national », a-t-elle conclu