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BENIN/CRISE COVID-19 : LES COIFFEURS TIRENT LA TONDEUSE PAR LE DIABLE

BENIN/CRISE COVID-19 : LES COIFFEURS TIRENT LA TONDEUSE PAR LE DIABLE

Dans les salons de coiffure, les clients depuis la crise pandémique sont rares, Au même moment, on note la hausse des prix des intrants sans oublier les charges locatives et autres. Les tondeuses sont moins en action. La tristesse a gagné les salons de coiffure. Assiste-t-on à un début de crise dans le secteur capillaire ?
Les coiffeuses et coiffeurs essuient aussi de lourdes pertes. Ils affrontent la situation avec angoisse et beaucoup d’appréhension. Habituellement, le salon de coiffure de Jonas fait le plein chaque vendredi soir et samedi matin. Mais depuis bientôt deux mois, tout est au ralenti. Ce samedi, jusqu’à 15h, il n’a reçu que quatre clients alors qu’ils se comptaient par dizaine autrefois. « C’est une situation toute particulière. Beaucoup sont inquiets à cause du Coronavirus. On fait ce qu’on peut pour les rassurer et leur dire que toutes les précautions sont prises pour limiter les risques mais ils demeurent sceptiques », confie-t-il.
Huis-clos…
Avec le bilan sanitaire de l’épidémie de Covid-19 qui ne cesse de s’alourdir chaque jour avec son impact sur différents secteurs de l’économie,
les coiffeurs ne sont pas aussi épargnés. Ils enregistrent une baisse d’activité depuis le début de la propagation de l’épidémie de Covid-19. « Ici, quand il y a des événements tels un mariage, un anniversaire, un baptême, des cérémonies de remise de prix que les femmes se font belles. Et pour les jeunes filles, se rendre à la plage, dans un bar restaurant pour un diner en amoureux constituent aussi des occasions de se refaire une beauté. Mais avec la crise pandémique qui sévit, tout est au ralenti.», narre une patronne déboussolée. « D’habitude, je fais une recette mensuelle d’au moins 150 000 F CFA. De quoi solder loyer, facture d’eau, taxe et payer mes ouvriers avant de penser à épargner. Le mois dernier, je n’ai même pas pu réunir le tiers », ajoute-t-elle.
Et ce témoignage est le même d’une coiffeuse à une autre. De plus, les sentiments qui animent les clientes sont pareils. « Je dépense plus de 10 000 F CFA pour mes soins capillaires par mois. Je peux les économiser pour l’heure. A quoi bon dépenser, se faire belle si je n’ai nulle part où aller?», s’interroge une dame qui depuis deux mois ne s’est plus rendue ni à l’église encore moins à un événement festif. Elle estime qu’elle n’a aucune raison de se rendre chez la coiffeuse et que cela lui permet de faire des économies.
…qui n’arrange pas les affaires.
Pendant ce temps, les coiffeurs peinent à payer leur loyer et autres frais. L’hygiène du matériel de coiffure est en hausse. Il faut désinfecter, stériliser les brosses à cheveux, ciseaux, peignes et les tondeuses professionnelles. Surtout que les lames qui coupent les cheveux sans tirer les follicules entiers de la tête ne sont plus à la mode. Face à cette difficulté, l’Etat par le biais du ministère des Petites et moyennes entreprises et de la promotion de l’emploi a organisé le recensement national des artisans impactés par les mesures du gouvernement face au Covid, a rappelé une coiffeuse.
En dépit de tout, les coiffeurs sont plus optimistes. « Les gens seront bien obligés de revenir, leurs cheveux ne vont pas s’arrêter de pousser. Donc on a espoir que les jours à venir seront différentes », a laissé entendre un coiffeur rencontré à Godomey.

Bénédicte DEGBEY

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