BENIN/COMMERCE D’ALIMENTS : LE FROMMAGE SOJA, UN PUISSANT CONCURRENT DES POISSONNERIES
‘’Amon soja’’, le fromage de soja a pris d’assaut les plats des Béninois. Dans les familles, maquis, gargotières, le fromage de soja est de plus en plus présent. Au même moment, la vente de poissons surgelés est en chute libre avec la montée en puissance du fromage de soja. Il donne lieu à une activité commerciale qui livre une rude concurrence aux poissonneries du quartier.
« C’est un commerce qui marche au-delà de tout. Quand c’est bien assaisonné, le fromage n’a rien a envié à la viande ni au poisson », lâche-t-elle fièrement tante Céline rencontrée à Togoudo, un quartier de la ville Calavi non loin de l’école primaire publique. Tante Célestine est venue se ravitailler en fromages de soja chez l’une de ses grossistes. Elle va ensuite revendre son stock avec du ‘’akassa’’, (l’une des variétés de pâtes au Bénin), ‘’akassa’’ accompagné de piment.
Cette ruée vers le fromage soja intervient dans un contexte où le prix du poisson surgelé devient onéreux dans les poissonneries. Ici, les prix flambent dans un contexte de précarité où les populations « doivent serrer la ceinture », pour reprendre l’expression gouvernementale consacrée.
« Avec 300 F CFA, tu as 15 morceaux de fromage soja pour toute la famille. Même avec 1000 F CFA, il est difficile d’avoir du poisson pour tout le monde. Le fromage est pratique, moins cher, très accessible et nourrissant. Je l’ai donc adopté pour ma famille. Certes, des occasions se présentent où nous prenons du poisson et même de la viande, mais ce qui domine, c’est du fromage à base de soja », confie une mère de famille.
Le fromage de soja est devenu un produit de substitution par excellence au poisson. Moins cher, il est accessible à toutes les bourses. « De 500 F CFA, nous sommes passés à 1200 voire 1400 F CFA, le kilogramme du poisson silure surgé. Après l’achat, il faut aller frire ou fumer avant de préparer quoi que ce soit. Combien de foyers sont aujourd’hui en mesure de débourser une pareille somme à chaque repas.», s’interroge une cliente qui accuse les propriétaires de poissonneries d’être des commerçants véreux.
« A quelque chose, malheur est bon. A cause de la cherté du poisson, le fromage de soja devient de plus en plus un commerce rentable. Les commerçantes culinaires de rue témoignent que c’est plus aisé pour les clients de s’offrir les fromages que les poissons », explique une grossiste de fromages à base de soja.
Dans les maquis et les gargotières, le fromage de soja est de plus en plus adopté. Travailleurs, ouvriers de divers secteurs, conducteurs de taxi moto, artisans, apprentis… en raffolent. Il a donc pris une pente ascendante. 10 ans après ses débuts, il occupe de plus en plus une place de choix dans l’alimentation des Béninois. Autour de lui, il s’organise sa commercialisation. Très rapidement, des femmes ont investi ce secteur d’activité. Il crée déjà des emplois rémunérés.
Au banc des accusés
Les grossistes de poissons surgelés, accusés se défendent. La période de récession économique et l’augmentation progressive du prix du poisson ne sont pas liées. « Nous, nous tenons compte du marché pour fixer nos prix. Cette situation ne nous arrange, car nous sommes confrontés à des périodes de vaches maigres. Cette situation ne nous arrange pas. Nous sommes confrontés à la mévente. Nous sommes contraints de licencier une partie de notre personnel. », a laissé à la postérité, un propriétaire de poissonnerie.
Le témoignage de ce professionnel des produits surgelés vient conforter l’opinion des populations qui ont adopté le fromage de soja. Elles ne comptent pas changer leurs habitudes même si le prix du poisson surgelé revient dans les normes.