L'afrique en marche

Bénin/ Centres de santé dans l’enseignement : Infirmeries de plus en plus rares dans les lycées et collèges.

Bénin/ Centres de santé dans l’enseignement :  Infirmeries de plus en plus rares dans les lycées et collèges.

Dédiées aux soins aux élèves souffrants en situation de classe, les infirmeries scolaires se font rares et couvrent péniblement les besoins des apprenants alités ou blessés. Cette disparition des infirmeries méritent mérite qu’on s’y attarde. Un tour dans quelques établissements scolaires a Cotonou et à Calavi et le constat est alarmant. 

 Nous sommes ici dans un Collège d’enseignement général (CEG) du département du Littoral ce lundi. Il s’agit d’un collège public ‘’Le Nokoué’’ situé au quartier Mènontin de Cotonou. Ici dans ce collège, les salles de classes sont déjà vides à cause des vacances.

Toutefois, on y retrouve encore quelques acteurs. L’humidité du sol, les flaques d’eau par endroits… sont les preuves que ce collège vit des heures difficiles en saison pluvieuse surtout après les dernières pluies qui se sont abattues sur la ville de Cotonou.

Dans cette matinée, directeur, censeurs, surveillants et autres personnes impliquées dans les travaux de secrétariat du Baccalauréat s’affairent à diverses tâches. Celle qui s’affaire également dans son bureau, érigé non loin de celui des surveillants généraux adjoints, c’est dame Houéfa Jocelyne Djimadja. Elle est l’infirmière dudit établissement.

Bien qu’elle n’ait plus d’élèves à traiter pendant un bon moment, cette dernière, sourire aux lèvres et très accueillante, tient son poste pour soulager, en cas de besoin, les rares personnes qui fréquentent encore l’établissement. Devant le local qui lui sert de bureau, on peut lire aisément et en grand caractère le mot ‘‘infirmerie’’.

 Ce local est composé de trois compartiments. Le premier a un lit d’hôpital qui fait office de lieu d’accueil des malades et de consultation. Les deux autres sont respectivement des lieux de soins et de repos. Cette infirmerie reçoit non seulement les apprenants mais également les enseignants, à en croire dame Djimadja qui en est à sa cinquième année d’exercice dans le collège.

Non loin, dans l’un des compartiments de son bureau, se trouve une armoire qui contient des médicaments. On peut y trouver d’après ses dires, diverses sortes de médicaments comme des cartons de paracétamol, des outils et accessoires pour le pansement, de l’amoxicilline et bien d’autres. « L’infirmerie est mise en place pour administrer des soins aussi bien aux apprenants qu’aux enseignants qui ne se sentent pas bien ou qui sont pris de malaise en plein cours », a laissé entendre la jeune dame, la quarantaine environ pour expliquer ce qui est fait dans ce bureau. Elle précise cependant que : « Ici, ce sont uniquement les premiers soins que je donne aux malades, le temps qu’ils aillent véritablement se soigner dans un hôpital, si besoin en était».

Au Complexe scolaire Cadjèhoun A,B,C,D toujours ce même jour, on a quelques apprenants qui se livrent à divers jeux, à cœur joie, sous un arbre qui jouxte l’entrée principale de l’école. De loin, on aperçoit une flaque d’eau stagnante qui inonde une grande surface de la cours, réduisant le champ d’expression de jeux des enfants. On est déjà en vacances. La majorité fait déjà des accolades d’au-revoir, en attendant de se retrouver à la reprise des classes.

Un constat désolant.  

Située en plein cœur de la ville, cette école publique ne dispose pas d’une infirmerie scolaire. « Nous n’avons pas une infirmière dans notre école. Dans la gestion administrative, il est prévu une boîte à pharmacie à la direction, ne serait-ce que pour avoir quelques comprimés, de l’alcool, etc. », a laissé entendre Michel Agbado, instituteur en charge de la classe de CE2, groupe C. « Si on constate que l’enfant est toujours malade ou si c’est une blessure que l’enfant ne peut pas supporter après une heure, nous faisons appel aux parents. Il y a un centre de santé qui est proche de nous où l’enfant est convoyé si le parent n’est pas là en attendant son arrivée. Maintenant, si le parent vient, nous mettons l’enfant à sa disposition. Nous ne faisons pas de l’automédication », ajoute-t-il, renseignant sur les dispositions prises par l’établissement en cas d’urgence.

Dans ce complexe scolaire, il est mis en place un Comité de santé au niveau de chaque groupe dont la mission est de veiller sur les camarades. « J’ai un Comité de santé dans ma classe constitué de cinq élèves et chaque membre de ce comité joue un rôle dans le domaine de la santé. Chaque classe possède un comité de santé, du CI jusqu’au CM2 », a indiqué l’instituteur Michel Agbado.

Dans le département de l’Atlantique, à Adovié-Hêvié, arrondissement de Hêvié, le constat est bien identique. Pas d’infirmerie scolaire à plusieurs endroits sillonnés. « Nous n’avons pas encore d’infirmerie dans notre école. Certes, nous en avons besoin, mais nous ne pouvons rien faire. Quand un enfant est souffrant, nous appelons l’un de ses parents », s’est ouvert un enseignant de l’école.

A Abomey-Calavi, on fait avec les moyens de bord

Sans clôture, le CEG 3 Abomey-Calavi respire un calme, celui des vacances. L’établissement ne dispose pas d’une infirmerie scolaire pour la prise en charge des élèves alités, ne serait-ce que pour les premiers soins. Joint au téléphone, le directeur de l’établissement, Jean Olivier Chéou, reconnaît l’importance pour un établissement d’avoir en son sein un espace médical, estimant que ce n’est pas un luxe, mais une obligation. Il explique, par ailleurs : « Chaque fois qu’il y a un cas, on l’inscrit dans un cahier et on envoie le surveillant et l’élève au centre de santé d’Abomey-Calavi, situé à Kpota environ cinq minutes dudit collège. Il poursuit que c’est le surveillant qui prend en charge ce déplacement à ses propres frais avec sa moto. « Après les premiers soins, le reste est laissé aux parents qui prennent en charge les soins de leurs enfants ». Quant à la gestion des cas graves, le directeur ajoute pour conclure : « Nous avons eu un cas grave une fois. Il s’agit d’un enfant qui a poignardé l’un de ses amis avec un compas. Heureusement, l’enfant a vite été pris en charge et a été conduit à l’hôpital. Les cas courants sont des accidents au sport, des égratignures, etc.».

L’importance de l’érection d’une infirmerie scolaire

Les acteurs des écoles rencontrés s’accordent sur la nécessité d’ériger une infirmerie scolaire à l’intérieur des cadres éducatifs publics pour la prise en charge et le bien-être des usagers. « Eriger une infirmerie en milieu scolaire est une bonne chose. Les premiers soins sont un début de traitement. Alors que quand il y a une infirmerie, il y aura tout ce qu’il faut pour le personnel afin de diminuer les tracasseries. J’imagine les écoles où il n’y a pas de centre de santé à côté et les enseignants sont obligés de faire une longue distance avant d’en trouver », a affirmé l’enseignant Michel Agbado, avant d’ajouter qu’ils se sentent heureux du fait que le centre de santé soit à quelques mètres de l’école.

Pour cet enseignant en service au CS Adovié-Hêvié et qui a requis l’anonymat, lorsque l’enfant est en bonne santé, c’est en ce moment qu’il apprend. D’où, ajoute-il, l’importance d’implanter une infirmerie dans les écoles pour éviter les longues distances aux acteurs et assurer le traitement sanitaire aux apprenants.

Par Emeric OKOUPELI.

Journal L’Afrique en Marche du 7 juillet 2021.

Bénédicte DEGBEY

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.