L'afrique en marche

Bénin/Business de l’ananas : Producteurs, grossistes et détaillants se frottent les mains

Les affaires marchent pour l’ananas au-delà de son apparence de fruit charnu, il nourrit ses acteurs. 
Sélectionné parmi les filières agricoles prioritaires, l’ananas est une culture d’exportation en forte expansion. Cette filière est concentrée dans le département de l’Atlantique. Produit très périssable, il est essentiellement commercialisé sur les marchés locaux en gros et en détails. Depuis des décennies, producteurs, grossistes, détaillants et transformatrices font de bonnes affaires avec ce fruit charnu. 
Par Anielle DAGBEWATO
« La culture de l’ananas rapporte assez de revenus non seulement pour le producteur, mais aussi pour tous ceux qui sont sur la chaine de commercialisation », confie dame Jeanine Akpavi, rencontrée non loin du carrefour Tankpè. Il n’est que 8h30 ce samedi 10 avril lorsqu’une bâchée remplie d’ananas s’est immobilisée devant son hangar de stockage. A peine a-t-elle fini de décharger le stock avec ses deux employés, que plus de quatre acheteurs l’attendaient déjà. « Je dois aller livrer mes ananas avant 10h. Alors sers-moi trois quarantaines sans attendre », lance Adjokè, la trentaine et livreurs de fruits dans quelques restaurants de Calavi et Cotonou. Les mimiques des trois autres en attente, prouve à suffisance qu’ils partagent l’impatience de la dame. Une discussion loin de nos regards s’engage entre les acheteurs et la dame grossiste. Les transformateurs, les exportateurs et les consommateurs locaux sont les principaux clients. Comme à l’achat, le prix est obtenu après marchandage. Ici aussi, ce sont les clients qui détiennent le prix à cause du caractère périssable du produit et de l’habitude des acheteurs. Les exportateurs achètent de l’ananas au kilogramme tandis que les autres le font par bâchée. Le marchandage est utilisé à l’achat et ceci en fonction de la grosseur et des périodes de l’année. Une sélection en masse des fruits calibrés s’opère et le commerçant choisit les fruits qui lui paraissent en bon état en fonction de la grosseur, sans blessure, non détérioré, et sans oublier la maturité assurée. Ceci fait que les fruits qui sont considérés comme bons pour un client, peuvent ne pas l’être pour d’autres. « Ce qui veut dire que les commerçants grossistes ont pratiquement un pouvoir plus fort que les producteurs du fait qu’ils sélectionnent l’ananas, car les producteurs n’ont pas une organisation qui pourra leur permettre d’instaurer les normes standard de vente. Ce système leur donne une marge de manœuvre suffisante pour guider le prix d’achat auprès du producteur », souligne Joël Tchizo, un producteur qui réside à Glo.
Filière rentable.
Il faut noter que les achats en gros à l’aide des bâchée ou taxi cinq places gardent le même prix dans toute la zone de production à un instant donné. Mais le prix d’achat de l’ananas aux producteurs dépend du prix auquel l’ananas est acheté sur le marché de Sèmè et parfois de Dantokpa. « C’est d’Allada, Sékou et Glo que proviennent les ananas que nous vendons. C’est une filière qui offre beaucoup de possibilités en terme d’auto-emploi et qui a vu naître en son sein des micro, petites et moyennes entreprises dans les domaines de la production, de la transformation et de l’exportation », explique Gatien Tomèhoué, producteur du jus d’ananas bio. Il met l’accent sur comment le business peut être rentable quelque soit le bout par lequel l’on le tient pourvu qu’on s’y donne avec sérieux.
De son témoignage, il ressort que la commercialisation des produits agricoles débute aux champs dès que le fermier a l’intention de vendre son produit. Le consommateur est intéressé par l’achat de ses besoins au plus bas prix possible alors que le producteur cherche des revenus élevés dans la vente de son produit. La chaîne de valeurs de l’ananas frais pour le marché local est animée par plusieurs acteurs. Le producteur livre directement son produit aux collecteurs ou aux grossistes ou aux deux. Les collecteurs approvisionnent à la fois les grossistes et les semi-grossistes. Les grossistes quant à eux servent les semi-grossistes et les détaillantes des centres urbains de Cotonou, Porto-Novo, Sèmè et Abomey-Calavi et leurs banlieues. Dans ce secteur, personne ne chôme, tout le monde gagne.
Parution L’Afrique en Marche du lundi 12 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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