Bénin/Arrestation des opposants : Que devient l’art politique sous Talon ?

Au Bénin, les arrestations post-électorales se poursuivent. Les opposants sont traqués pour avoir opiné ou non sur la politique gouvernementale et sur l’organisation d’une élection présidentielle jugée hors délai et exclusive. Si la politique est par essence, l’art d’opposer les idées, que deviennent ces dernières sous le régime Talon ?
Un nouveau responsable du parti, «Les démocrates », le vice coordonnateur de la sixième circonscription, Arnaud Koudébi a été arrêté dans la Commune d’Abomey-Calavi, le samedi 15 mai 2021. En plus, il y a Fred Houénou, ancien conseiller au ministre de la Communication de la poste et porte-parole du gouvernement qui avait démissionné de son poste pour incompatibilité avec la gestion du pouvoir a été arrêté le même jour. Ces deux informations ont fait le tour des organes et des réseaux sociaux.
Sous le régime du ‘’Bénin révélé’’, aucune période électorale n’a été sereine. Tous ceux qui lèvent le petit doigt pour des pensées contraires au pouvoir de Talon sont désormais vus comme des ennemis de la République. Et pourtant, on nous avait appris que la politique reste et demeure la science de l’opposition des idées pour conquérir le pouvoir et l’exercer.
Que devient cet art sous Talon ?
Pour l’heure, les raisons de ces arrestations ne sont pas connues. Mais à y voir de plus près, ces raisons ne sont pas à chercher très loin. Ces dernières interpellations participent à la multitude d’arrestations de personnalités politiques de l’opposition. Elles sont poursuivies pour la plupart pour ‘’financement de terrorisme et atteinte à la sûreté de l’Etat’’.
Sous la ‘’Rupture’’ tant de personnalités et de concitoyens sont jetés en prison pour certains sans connaitre leur motif. A cause de la politique, cela démontre que la politique béninoise ne reconnait plus les fondamentaux de l’art politique. De Reckya Madougou à Joël Aïvo en passant par les septuagénaires Hountondji, Tamègnon ou encore Houdou qui ont connu la pratique politique, ils sont tous aujourd’hui des amateurs qui ne savent plus rien de la politique au point de tomber sous le coup de la loi. Et de quelle loi d’ailleurs s’agit-il, si ce n’est que celle du plus fort.
La preuve, on assiste à un grand silence de la part du procureur de la Criet après l’incarcération de l’universitaire Aïvo et Madougou et autres. Même, malgré les cris de leur conseil Me Robert Dossou et les voix les plus démocratiques, la ‘’Rupture’’ reste sourde.
Par Christian AFFAME
Journal L’Afrique en Marche du lundi 17 mai 2021