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Bénin/Après la présidentielle :  Les enjeux d’une décrispation de la vie sociopolitique. 

Bénin/Après la présidentielle :  Les enjeux d’une décrispation de la vie sociopolitique. 

( Une contribution de Charles Bonaventure HOUNGUE, historien chercheur et analyste politique.)

Les législatives d’avril 2019, ont eu lieu depuis deux ans. Le Bénin, pionnier de la démocratie en Afrique, vit une crise sociopolitique latente dont les points culminants sont, pour l’instant, les violences pré ou post électorales et l’arrestation d’un nombre important de citoyens qui croupissent dans les maisons d’arrêt. Certains analystes proposent au regard des faits et s’appuyant sur les revendications de l’opposition dite radicale, une thérapie en trois actes :

– Accorder l’amnistie et la grâce présidentielle à tous les exilés et autres détenus à l’occasion des violences pré ou post électorales ;

– Adopter une loi modificative de la charte des partis politiques ;

-Amender le code électoral.

Si le régime de la rupture choisissait d’appliquer cette thérapie, quelles en seraient les implications ?

Il est évident qu’en accordant l’amnistie et la grâce présidentielle aux Béninois exilés ou détenus, le climat social va se détendre. Car ceux-ci, sont aux yeux du peuple, des martyrs victimes des abus du pouvoir même s’ils sont coupables. Pour qui connait la sociologie béninoise, il n’y a rien d’étonnant. Le chantre de la ‘’Rupture’’ en est conscient. Il a, dans un passé récent, bénéficié du soutien du peuple lorsqu’il avait maille à partie avec le régime de la ‘’Refondation’’. La suite, on la connaît. Il a été élu avec un score de 65%.

Seulement, au lendemain de la présidentielle d’avril 2021, Patrice Talon a déclaré clairement qu’il n’accordera pas l’amnistie aux auteurs ou complices des violences qui seraient, selon lui, des récividistes. Le secrétaire général adjoint, porte parole du gouvernement l’a encore martelé dimanche dernier au cours d’une émission sur les antennes de l’ORTB et Canal 3.

Le chef de l’État pourra t-il surmonter son égo et poser l’acte salvateur?

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En retouchant la charte des partis politiques et le code électoral, les partis réunis dans la coalition des forces de l’opposition reprendront vie. Si le retour sur la scène des compatriotes exclus du jeu politique devient une réalité, les élections législatives de 2023 auront lieu dans un contexte différent. On pourrait assister à une augmentation du taux participation de l’ordre de 25 à 30%. Ces anciens et nouveaux électeurs accorderaient assurément leurs suffrages aux « martyrs ». Les deux grands partis de la mouvance (BR et UP) risquent de perdre des plumes. La conséquence immédiate reste la modification de la configuration actuelle de l’hémicycle. L’Assemblée nationale ne sera plus une caisse de résonance de l’exécutif.

Au demeurant, à partir de 2023, la ‘’Rupture’’ va vivre une nouvelle ère.

Face à ces enjeux, que fera le président Talon ? Aura t-il le courage de prendre des risques ?

Journal L’Afrique en Marche du mercredi 09 juin 2021.

Bénédicte DEGBEY

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