L'afrique en marche

André, MERCI  L’Editorial de Titus FOLLY 

André, MERCI
L’Editorial de Titus FOLLY
André Salifou n’est plus. Le chercheur émérite africain de nationalité et nigérien de source est passé de vie à trépas. « Nègre c’est mon nom, Nègre c’est ma race…», disions-nous en accroche à nos échanges à Niamey, ailleurs en Afrique ou dans le monde lors des colloques internationaux. Dans l’exercice de l’Editorial du jour , je m’incline devant la mémoire de ce valeureux humaniste africain.        
« De Toumaï à Nelson Mandela en passant par Lucy, Homo Sapiens, les Nubiens et les Pharaons , six millions d’années d’Histoire observent les Africains modernes. Nous sommes le seul peuple au monde qui peut remonter aussi loin dans l’Histoire pour entendre l’écho de nos ancêtres. En somme, c’est six millions d’années du continent africain résumé en huit volumes sous l’égide de l’Unesco.», a laissé à la postérité, la bande annonce de ce travail de référence rédigé par d’excellents historiens africains que nous citons sans payer le droit d’auteur.
Parmi ces illustres et célèbres chercheurs dont les fulgurances ne sont plus à démontrer et dont les noms sont devenus plus que des éponymes, il y a André Salifou. Il a travaillé dans la proximité intellectuelle avec Joseph Ki-Zerbo, Cheikh Anta Diop, Boubou Hama, Amadou Mahtar M’Bow, Hampaté Ba, Pathé Diagne, Mohamed Talbi et Mahdi Adamu.
 
Passer de la théorisation sur l’Afrique…
Tout ce beau monde a travaillé durant des décades pour démontrer aux autres (dont la condescendance à l’égard de l’Afrique était viscérale), et ce sans guerre de civilisation, mais sur le plan cartésien que l’Afrique est l’unique berceau de l’humanité et l’unique épicentre de la civilisation mondiale.
Plus d’une fois, il m’a raconté leur détermination à rédiger cet ensemble de documents en guise de créneaux porteurs pour l’Afrique.
D’abord, il a souligné que dans cet élan, il faut rendre à César ce qui lui revient. Ici, César c’est Cheick Anta Diop. Sa démonstration devant un aéropage de savants occidentaux sur l’antériorité de l’historiographie égyptienne a cloué le bec aux chercheurs ethnocentriques.
Selon André Salifou, leur travail a complété d’autres pistes de recherches qui démontrent et retracent la présence de Grecs mémorables venus à la source nourricière de la civilisation égyptienne pour étudier. C’est le cas de Thalès, le premier philosophe grec qui a fait sept ans en Egypte, de Platon, 13 ans et Pythagore qui a fait 22 ans en philosophie, géométrie et médecine. Les pyramides en Égypte existent 1000 ans avant le théorème de Pythagore. Hypocrates, qui est appelé le « père de la médecine » a été pourtant formé par Imhotep, le génie égyptien de la médecine.
….à une documentation de référence
Ensuite, quand le terrain a été déminé par Anta Diop qui place l’Afrique comme la mère des civilisations, il fallait de l’avis de André Salifou : « rassembler toutes les synergies et circonvolutions intellectuelles pour faire travailler ensemble toutes les compétences que nous étions. ».
Le professeur Salifou avoue qu’au début, ce projet relevait d’une perspective chimérique, car les Africains n’ont pas appris à travailler en commun. Mais au bout du rouleau, le pari a été gagné.
J’ai eu l’outrecuidance une fois de lui dire que si ce projet a réussi, c’est parce que la majorité des compétences étaient des personnalités sahéliennes ( Burkina, Sénégal, Niger…). Car ils ont le don de savoir éclipser leurs ergots et leurs villosités intestinales : « Titus, je te laisse la responsabilité de l’entièreté de tes propos…».
André Salifou a rejoint l’Eucharistie eternelle ( un exutoire pour mieux endiguer nos émotions enfouies ou superficielles), après avoir été de ceux qui ont rendu la dignité à l’Afrique. Qu’il dorme du repos des valeureux.
Site www.lafriqueenmarche.info du 25 mai 2022 No 185
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera bon vivre sur la grande route.».

Bénédicte DEGBEY

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