Agriculture africaine/Développement : Dangote Fertilizer pour une production massive d’engrais.

Une certitude, il y a beaucoup de potentialités minières, énergétiques et végétales en Afrique. Une évidence, la pauvreté y est pourtant récurrente. Pour inverser la tendance, il faut investir en Afrique. La dynamique a commencé avec ‘’Dangote Fertilizer’’, une usine d’engrais qui sera bientôt inaugurée au Nigeria.
Nous sommes à Lekki. C’est une localité à 46 km et à près d’une heure de route de la grande métropole nigériane, Lagos. A Lekki, sur 500 hectares, il y a une infrastructure qui force l’admiration. C’est ‘’Dangote Fertilizer’’, une usine d’engrais en finition et d’un coût total de deux milliards de $, financée par Dangote Group.
Ce jour-là, une pluie s’annonce. Les rayons de soleil qui dardent, disparaissent peu à peu. Il est 10 h 20. Le tonnerre gronde de plus en plus au loin. Les éclairs déchirent le ciel. Quelques infimes secondes de silence après, le vent s’engouffre dans les branches des arbres qui dansent dans le noir. Puis on a les premières gouttes de pluie qui tambourinent sur le toit des maisons. C’est le début d’une violente averse. Elle s’installe pour 35 minutes puis dame pluie cesse les hostilités.
Initiative privée
A une très bonne distance de cette infrastructure, on voit des dizaines de factionnaires et de vigiles bien armés. Les mesures de sécurité dans ce pays où sévit le terrorisme (du fait de la secte islamique Boko Haram), sont strictes. Et en la matière on ne badine pas. Cette usine d’engrais s’étend à perte de vue. On voit de loin des pylônes qui se dressent majestueusement et «tutoient» le ciel.
Aussi, remarque-t-on quatre grosses turbines de couleur grise qui s’imposent de par leur différente taille. L’un des vigiles en charge de la sécurité lance: «Access prohibited to any foreign person». Tétanisé par cette réponse sèche, «accès interdit à toute personne étrangère», on doit davantage s’éloigner à des encablures pour continuer par observer ce bijou architectural.
Quelques minutes après, l’un des techniciens de l’usine italienne Saipem en charge de la construction de cette infrastructure, un cadre nigérian qui rejoignait à pas de charge le site, approché, renseigne et confirme : «C’est l’usine Dangote Fertilizer financée par Dangote Group pour produire de l’engrais».
La quarantaine révolue, dans son blouson de service, casque juché sur la tête, badge de sécurité au cou, il réajuste sa paire de lunettes de couleur noire et précise que: *«Elle produira trois millions de tonnes d’engrais à base d’urée et d’ammoniac. Une fois inaugurée, elle sera la plus grande usine d’engrais du monde à base d’urée granulée»,* avant d’accélérer ses pas en direction de l’usine tout en regrettant de requérir l’anonymat.
Ebenezer Utcho, un jeune cadre dans une banque de la place, dans un caftan de couleur blanche, approché également, sort sa tablette haut de gamme, se connecte et lit : «cette usine permettra à plus d’un 400.000. agriculteurs nigérians et 1.000.000 de la sous-région d’avoir des produits qualité/prix pour améliorer leurs rendements et avoir une marge bénéficiaire intéressante».
Il retourne sa tablette dans sa main gauche où une bague en or scintille à son annulaire puis il conclut que: «Grâce à cette usine, le Nigeria et une partie de l’Afrique pourront réduire la pauvreté, car l’agriculture sera désormais la base du développement».
Dangote Fertilizer est donc une initiative dans la perspective de réduction de la pauvreté. C’est grâce à Dangote Group qui a encaissé la rondelette somme de 4,1 milliards de dollars EU en 2017 (selon les sources internes de ce puissant groupe financier) du fait de ses divers domaines d’activités. Ce puissant groupe qui appartient à l’homme d’affaires Aliko Dangote a jugé bon d’investir pour réduire la pauvreté en Afrique.
Selon un nouveau rapport de cette institution, rapport intitulé comme suit : «type de document : Publication Numéro du rapport 142488 Date du document Jan 01 2019», dont les auteurs sont Karthleen Beegle et Luc Christiaensen, il faut investir dans les secteurs prioritaires comme l’agriculture, le solaire, les infrastructures de transports, le numérique, l’éducation, la santé….pour lutter contre la pauvreté.
Luc Christiaensen, économiste principal à la Banque mondiale et coauteur dudit rapport ci-haut cité, explique que lorsqu’on examine correctement la qualité et la comparabilité des données utilisées par rapport à l’investissement en Afrique, la réduction de la pauvreté est davantage possible.
Les estimations les plus récentes de la Banque mondiale prédisent que si des investissements conséquents sont faits en Afrique, le pourcentage d’africains pauvres qui est de 43 % en 2012 va chuter d’ici 2025 à 36%.
Pour cela, il faut investir dans les secteurs d’importance comme l’agriculture, le solaire, les infrastructures de transports, le numérique, l’éducation, la santé… pour lutter efficacement contre la pauvreté en Afrique. Dangote Group a compris les enjeux de cette problématique.
Par Titus FOLLY et Alain GBEGAN , correspond au Nigeria.
Journal L’Afrique en Marche du jeudi 06 mai 2021.