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Afrique/Réduction de la pauvreté : investir pour inverser la tendance

Afrique/Réduction de la pauvreté : investir pour inverser la tendance

Une certitude, il y a beaucoup de potentialités minières, énergétiques et végétales en Afrique. Une évidence, la pauvreté y est pourtant récurrente et ce bien avant la covid-19 qui a davantage englué le continent noir. Pour inverser la tendance, il faut investir en Afrique malgré le contexte de pandémie.
Les estimations les plus récentes de la Banque mondiale prédisent que si des investissements conséquents sont faits en Afrique, le pourcentage d’africains pauvres qui est de 43 % en 2012 va chuter d’ici 2025 à 36% n’eut été la Covid’19.
Pour cela, il faut investir dans les secteurs d’importance comme l’agriculture, le solaire, les infrastructures de transports, le numérique, l’éducation, la santé… pour lutter efficacement contre la pauvreté en Afrique. Des africains riches et des Etats du continent noir ont compris les enjeux de cette problématique.
Investir pour réduire la pauvreté en Afrique est une problématique que suit la Banque mondiale. Selon un nouveau rapport de cette institution, rapport intitulé comme suit : «Type de document : Publication Numéro du rapport 142488 Date du document Jan 01 2019», dont les auteurs sont Karthleen Beegle et Luc Christiaensen, il faut investir dans les secteurs prioritaires comme l’agriculture, le solaire, les infrastructures de transports, le numérique, l’éducation, la santé….pour lutter contre la pauvreté.
Luc Christiaensen, économiste principal à la Banque mondiale et coauteur dudit rapport ci-haut cité, explique que lorsqu’on examine correctement la qualité et la comparabilité des données utilisées par rapport à l’investissement en Afrique, la réduction de la pauvreté est davantage possible. L’Afrique est-elle sur la bonne voie ?
Le présent dossier nous donne quelques éléments d’appréciation. 

 Dangote Fertilizer’’, une initiative louable.

 ‘’Dangote Fertilizer’’ est une usine d’engrais en construction. Elle s’étend sur 500 hectares et force l’admiration. D’un coût total de deux milliards de $, cette usine est financée par Dangote Group. Sur le site, on voit de loin des pylônes et quatre grosses turbines de couleur grise qui s’imposent de par leur différente taille. Pylônes et turbines de ce bijou architectural construit par l’usine italienne ‘’Saipem’ ’se dressent majestueusement et «tutoient» le ciel à Lekki, une localité non loin de Lagos.
‘’Dangote Fertilizer’’ est donc une initiative qui intègre la perspective de réduction de la pauvreté. Dangote Group qui a encaissé la rondelette somme de 4,1 milliards de dollars EU en 2017 (selon les sources internes de ce puissant groupe financier) a financé ce projet grâce à ses divers domaines d’activités.
Grâce à cette usine, des milliers d’agriculteurs nigérians sans oublier d’autres milliers de toute l’Afrique de l’Ouest auront des engrais en quantité industrielle pour une dynamique dans l’Agriculture au Nigeria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest.

 Parc éolien du lac Turkana au Kenya. 

Le Kenya a inauguré le 19 juillet 2019 le parc éolien du lac Turkana. C’est le plus grand parc éolien d’Afrique. Il est situé sur la rive est du lac Turkana (surnommé la «mer de Jade» pour ses célèbres reflets. Il est au nord du Kenya, à la lisière de la frontière éthiopienne dans une zone semi-désertique du nord de ce pays. Ce parc est baptisé ‘’Lake Turkana Wind Power’’. Ce projet financé par la Banque européenne d’investissement est un exemple indéniable qui démontre que lorsqu’on investit, on peut réduire la pauvreté.
Cette infrastructure a 365 éoliennes pour 310 mégawatts. Il produit plus de 15 % des besoins en électricité du Kenya. Ce parc est d’une valeur de 600 millions d’euros de budget dont 200 millions de la part de la Banque européenne d’investissement.
A l’inauguration, dans la galerie des allocutions, le chef de l’Etat du Kenya, Uhuru Kenyatta, dans une chemise en cotonnade locale de couleur cendre avec des motifs en forme de croissant lunaire jaune a salué : «Un investissement qui contribuera à l’autonomie énergétique de son pays».
Au pupitre ce 19 juillet 2019 jour de l’inauguration de ce parc et devant un aéropage de personnalités et des membres de la société civile sans oublier des diplomates accrédités dans son pays, il dodelinait à chaque instant en signe de fierté lors de son allocution solennel.
De son côté, Catherine Collin directrice pour l’Afrique de l’Est à la Banque européenne d’investissement a vanté notamment : «une énergie disponible dans l’un des endroits les plus venteux au monde». Poursuivant, elle a laissé entendre que : «C’est une ressource moins chère et un élément clé pour le développement économique du pays». Et de considérer que ce projet «…comme un exemple de ce qui pourrait être fait ailleurs en Afrique».
Ce parc fournit l’électricité à un coût 60 % moins cher que la production thermique. Avec cette énergie éolienne, la qualité de l’air n’est pas dégradée, les eaux ne sont pas polluées, les sols ne le sont pas aussi avec des suies et des cendres et il n’y a pas de rejet dans le milieu aquatique.
C’est pour cela que les spécialistes en développement applaudissent par rapport à l’impact de cette infrastructure qui offre d’autres opportunités. En effet, ce parc éolien favorise la collecte de la taxe professionnelle. Grâce à cette infrastructure, les activités agricoles et industrielles ne sont pas handicapées, car elles continuent.
Mieux, cette infrastructure ne couvre que seulement 2 % des terres agricoles requis. Dès lors, la surface restante, c’est-à-dire la Surface agricole utile (SAU) est largement disponible pour l’exploitation agricole, l’élevage et d’autres utilisations.
En outre, les propriétaires fonciers qui accueillent ce parc éolien pourraient recevoir un paiement pour l’utilisation de leur terrain. Sur le plan environnemental, le parc éolien du lac Turkana produira une énergie renouvelable qui ne nécessite aucun carburant ni ne crée de gaz à effet de serre. Mieux, il ne produit pas de déchets toxiques ou radioactifs. Sans oublier que ce parc éolien dans cette région semi-désertique est également un moyen de lutte contre le changement climatique, car il a été démontré que l’énergie éolienne participe à long terme au maintien de la biodiversité des milieux naturels.
Avec ce parc, le Kenya garantit une sécurité d’approvisionnement face à la variabilité des prix du baril de pétrole. Comme on le voit, le Kenya met à contribution ce parc éolien pour réduire la pauvreté. Et selon les statistiques du gouvernement de ce pays, cette infrastructure va permettre de réduire la pauvreté dans une marge de 6% dans la décennie prochaine.

Le Maroc force l’admiration avec ses es ports… 

Au nombre des pays qui investissent pour lutter contre la pauvreté, il y a le Maroc. Ce pays a amorcé depuis deux décennies, une émergence époustouflante dont les actes sont là. On retient le développement de deux grands ports ceux de Tanger Med et de Beni Ensar. Ces derniers permettent au Maroc d’être relié à l’Afrique, à l’Europe et au reste du monde.
Ce pays s’illustre également par sa politique efficace et exemplaire d’investissements en matière d’énergies renouvelables. En effet, le Maroc a commencé par investir 40 milliards de dollars pour les 15 prochaines années. Dans le secteur de l’énergie solaire, de gigantesques travaux sont déjà bien lancés. On peut citer ceux de la centrale solaire Noor I, Noor II III et IV. A elles seules, ces quatre centrales devraient offrir une capacité de production de 582 mégawatts par an au Maroc.
La grande capacité d’adaptation du Royaume chérifien lui a permis de lancer également récemment des satellites Mohamed VI d’observation. Ces derniers impactent déjà avec des données pour améliorer l’agriculture, et lutter contre le réchauffement climatiques…entre autres.

 Des investissements étrangers aussi

Au-delà des africains, il faut citer quelques investissements étrangers de taille en Afrique ces derniers temps. On peut citer celui de ‘’Sumitomo Chemical’’ par exemple qui a inculqué la technologie des moustiquaires pour lutter contre le paludisme, Dans le même sillage, il y a JGC et Hitachi qui accélèrent l’accès à l’eau potable. Il y a enfin Commodity Risk, Management Group et Sompo Japan Niponkoa qui contribuent à atténuer les effets du changement climatique.
Cependant, il faut déplorer le fait que les investisseurs hésitent, tergiversent pour investir en Afrique. On attendait les Africains de la diaspora, les Américains, les Chinois, les Européens, les Japonais, les Sud-américains…On ne voit personne ou très peu.
Cependant, lors des sommets comme ceux de Chine-Afrique, Ticad, France-Afrique, et récemment Russie-Afrique et Grande-Bretagne-Afrique, des annonces tonitruantes de financement sont faites pour déclarer la flamme de leur amour à l’Afrique. Mais entre les intentions et la réalité, il y a un fossé, un fossé béat. Et pourtant les conditions de développement de l’Afrique sont très optimales.

 D’énormes potentialités pour investir en Afrique. 

Le continent africain dispose d’importantes ressources naturelles, minières et énergétiques. En effet, en 2015, le continent a produit 13 % du pétrole mondial, contre 9 % en 1998. En 2018, l’Afrique contrôlait 53,9 % des ressources mondiales en diamant. La même année, la République démocratique du Congo représentait à elle seule 58 % du cobalt mondial (une matière utilisée dans la production de composants électroniques) tandis que l’Afrique du Sud s’arrogeait 69,6 % de la production mondiale de platine (utilisé dans la fabrication de convertisseurs catalytiques et d’autres produits).
La croissance de la production de pétrole et du gaz naturel entre 1980 et 2018 a observé une tendance remarquable. La production de pétrole est passée de 53,4 milliards de barils à 130,3 milliards de barils. Quant au gaz naturel, il a oscillé de six billions de mètres cubes en 1980 à 14,5 billions de mètres cubes en 2018.
Il faut aussi signaler que le continent noir abrite 60 % des terres arables non cultivées dans le monde. Toutes ces statistiques fournies par l’Atlas des ressources énergétiques en Afrique démontrent que le continent a tout pour réussir.
Comme atout également pour l’Afrique, six pays africains sur 12 dans le monde, ont de reluisantes perspectives de croissance économique. On peut citer l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, la Tanzanie, la République démocratique du Congo et le Rwanda.
La démographie africaine, la plus dynamique au monde actuellement est aussi un atout pour investir en Afrique.
Au moment où la population de la plupart des autres régions du monde est confrontée au vieillissement, celle de l’Afrique offre un indéniable exutoire pour la consommation. La population du continent devrait quadrupler d’ici 2100, passant de 1,19 milliard d’individus en 2015 à 4,39 milliards. Ce qui constitue une énorme main-d’œuvre pour l’avenir.
Comme on le voit, des créneaux porteurs ne manquent pas pour inciter les investisseurs à passer à l’acte en Afrique.
Mais avant, il urge que les gouvernements africains balayent devant leurs portes où s’amoncellent des immondices et détritus de divers ordres (fiscal, financier et juridique). Favoriser l’investissement en Afrique, c’est contribuer à la réduction de la pauvreté en Afrique.
Par Titus FOLLY et Murielle Kai MENSAH, correspondante aux USA

Bénédicte DEGBEY

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