Bénin/Morosité économique : A l’heure du repas, plus de visiteurs imprévus

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La crise économique et le quotidien morose des Bbéninois a entrainé une gestion stricte du budget familial qui ne prévoit plus de quoi accueillir des visiteurs imprévus. Ces derniers repartent de plus en plus déçus.
« Je vois mon père noter avec soin les dépenses de la famille tous les week end. Ce qui n’était pas le cas, il y a quelques mois. Ces amis ne viennent plus nous encombrer en fin de semaine comme auparavant.». Ces propos anodins d’une adolescente traduisent bien le quotidien de la plupart des ménages béninois qui n’effectuent désormais leurs dépenses que sur calcul.
La morosité économique sévit dans le quotidien des Béninois. S’il a permis aux uns de s’assagir, il a rendu d’autres moins prétentieux aux yeux de leurs collègues et amis. Si autrefois, certains ménages ne désemplirent jamais les week end du fait des visiteurs qui viennent se régaler, ils ont compris que la situation a changé et qu’il fallait fonctionner autrement.
Persona non grata à partir de 12 h
« Aujourd’hui, à défaut de dire aux visiteurs surtout imprévus qu’ils ne sont plus les bienvenus, on s’arrange pour les recevoir dans la plus grande sobriété. Et les plus habiles comprennent et ne reviennent plus importuner. », confie Kafui Medjrê, une mère de famille. « L’heure n’est plus au gaspillage. Avant, c’était avec bonheur qu’on accueillait nos hôtes. Mais aujourd’hui, c’est avec pincement au cœur que nous le faisons mon épouse et moi. Et à notre tour, nous rendons très peu visite aux amis et autres parents pour ne pas mettre en mauvaise posture les autres aussi. », renchérit Franck Bankolé, un père de famille qui depuis l’avènement de la ‘’Rupture’’ est allé visiblement à l’école de la gestion financière.
« Mon époux avait l’habitude d’inviter des amis qui venaient manger sans que le budget familial ne soit affecté. Certains débarquaient même le week end sans avoir été invité à la maison et on pouvait les recevoir sans rechigner. Mais aujourd’hui, nous faisons plus attention. » a laissé entendre Dame Roseline qui semble avoir pris la mesure de la situation.
Les raisons qui justifient cette attitude qui frise le manque de solidarité ou d’hospitalité et qui pourrait à la longue fragiliser les liens sociaux trouvent leur essence dans le marasme économique qui n’épargne aucun secteur depuis cinq ans. Une question taraude alors les esprits, que deviendront l’entraide et l’hospitalité qui ont souvent caractérisé bon nombre de foyers béninois ?
Pour une gestion minutieuse du budget familial
« Pas de dépenses inutiles ou d’imprévus ». Ce mot d’ordre est compris de la plupart des foyers béninois depuis que la ‘’Rupture’’ a pris place. Et pour satisfaire au mieux les nombreux besoins de la famille afin d’éviter l’angoisse, l’humiliation et le stress, une gestion minutieuse du budget familial s’impose », explique Justine Alidoté, mère de famille.
Elle poursuit que : « Toute la famille pour s’entendre sur les éléments à prendre en compte ou à élaguer pour minimiser certains coûts. Les enfants sont réprimandés au moindre usage exagéré de l’énergie électrique et du gaz domestique. C’est la discipline désormais », a-t-elle laissé entendre.
« Il ne s’agit plus de noter simplement les revenus, les dépenses et la différence entre les deux, mais de faire des prévisions sur tous les éléments du budget. Il est alors possible de savoir à l’avance pour un mois donné, de combien les dépenses sont supérieures aux revenus. Et les actions à mener pour équilibrer le budget », décrypte Justine Alidoté.
Dorice DJETON
Journal L’Afrique en marche du 13 septembre 2021.