1er août 2022: L’ODPH exige une amnistie générale pour les détenus politiques
1er août 2022: L’ODPH exige une amnistie générale pour les détenus politiques
Dans un message en date du 1er août 2022 signé de son président, Me Aboubakar Baparapé,
l’Organisation pour la défense des droits de l’homme ( ODHP) exige du gouvernement Talon, une amnistie générale pour les détenus politiques.
Après avoir fait un état des lieux, l’ODHP dit que notre peuple est confronté à l’arbitraire et exige un élargissement des détenus politiques. Lisez ci-dessous l’intégralité dudit message.
ORGANISATION POUR LA DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES (ODHP)
L’ODHP souhaite une bonne fête de l’indépendance au peuple et appelle à poursuivre la pression pour une amnistie générale qui libère tous les détenus et exilés politiques
À la suite des arrestations et détentions arbitraires pour faire taire des voix dénonçant la gouvernance dictatoriale, corrompue et antipatriotique du Président Talon, comme cela est apparu dans le cas du Dossier Mètongnon et ses co-accusés d’une part et d’autre à la suite des violences pré et/ou post-électorales de 2019, 2020 et 2021, violences qui ont fait de nombreuses morts d’hommes et de femmes, civiles comme militaires en plus de centaines de personnes détenues dans les diverses prisons du Bénin, l’Odhp et le CSDEP n’ont jamais cessé d’appeler le Président Talon à prendre une amnistie générale en vue de la libération des détenus et pour le retour de milliers de compatriotes poussés à l’exil. Un cahier de doléances (dans ce sens) à été transmis au Gouvernement via le Ministre de la Justice et celui de l’intérieur notamment. Il contient également l’exigence d’abrogation des lois scélérates qui entraînent les crises successives et celles qui portent atteintes aux libertés publiques et aux droits des travailleurs. Si fin 2019, il y a une amnistie partielle tronquée, le Président Talon a continué et persisté dans la prise de mesures plus liberticides, jusqu’à celles qui portent atteinte à la souveraineté nationale comme les accords qui tendent à faire installer les forces militaires françaises dans notre pays contre la volonté populaire qui n’en veut pas.
Ces deux derniers mois de juin et juillet ont été marqués par une série d’événements qui révèlent au grand jour le mépris du pouvoir autocratique dictatorial du Président Talon pour les victimes de la répression politique et pour les intérêts du peuple. Le Chef de l’Etat quitte le pays sans le moindre égard pour le peuple souverain. La presse annonce son voyage à l’étranger et on ne sait dans quels pays pour la recherche de supposées solutions aux questions de sécurité du pays. C’est tout comme un chef d’entreprise qui va où il veut et revient quand il veut pour ses propres affaires. Or, la sortie d’un Chef d’Etat du territoire national, c’est aussi une question de haute sécurité pour le pays tout entier. Mais ici, la mauvaise gouvernance autocratique va jusqu’à cette répression du droit de regard du peuple sur les actes des gouvernants. Puis à son retour c’est à des rencontres qu’on assiste des diplomates étrangers et à des visites de représentants de gouvernements étrangers qui s’ingèrent dans nos affaires intérieures par des discussions avec des responsables politiques. Chose inacceptable dans une République démocratique qui se respecte et tient à se faire respecter. C’est à ces occasions que la presse révèle que l’on discute entre le pouvoir et des représentants de gouvernements étrangers de libération de détenus politiques et qu’on assiste et pour une ouverture politique dans le pays. Comme si la voix du peuple et des citoyens mandants qui réclament depuis au moins 4 ans l’arrêt des dérives dictatoriales et l’abrogation des lois crisogènes et l’abrogation de la Constitution autocratique de 2019 ne comptent pas. Le Président Talon démontre ainsi qu’il n’est pas au service du Bénin, travaillant pour le peuple béninois et ses intérêts mais plutôt au service de puissances étrangères. Les faux débats, il n’y a pas de détenus politiques au Bénin n’y changent rien.
C’est dans ces conditions , peu avant l’arrivée du Président Emmanuel Macron de la France coloniale (ainsi que l’opinion publique le désigne) environ 17 détenus avaient été libérés de la prison civile de missérété. Puis pendant le séjour de Macron, alors que le président Talon venait de dire à qui veut l’entendre qu’il n’y a pas de détenus politiques au Bénin, devant son homologue Macron, le même jour au soir il procède à la libération d’une trentaine de personnes dont l’ancien ministre Houdou Ali incarcéré à la prison civile de ouidah et l’activiste Nadine Okoumassou alors incarcérée à la prison civile de Porto-Novo. Le pouvoir fait de petits bonds comme les sauts de puce. Or, ce que tout le monde attend, c’est une amnistie générale pour tous les détenus politiques et le retour des exilés politiques. Le tout assorti des conséquences juridiques que cela implique. De toutes les façons, c’est un passage obligé aujourd’hui avec l’abrogation des lois scélérates et de la Constitution autocratique. Sinon, le pays reste toujours bloqué avec l’arbitraire, la faim, les taxes et impôts excessifs et injustes, la braderie et /ou la confiscation des entreprises et des ressources pour son clan. Choses constituant des violations inacceptables des droits humains et des peuples. C’est sans doute contre cela que nos concitoyens ont continué d’espérer à juste titre que même si cela est tardif le pouvoir prendrait une loi d’amnistie générale à l’occasion de la fête du 1er Août. Mais le Président Talon ne s’y décide pas encore. On ne sait jusqu’à quand il se taira. Continuera-t-il de se taire éternellement? Que fera-t-il des centaines de jeunes en prison dont il tait le nombre avec la complicité de la justice aux ordres? Le pays réclame avec nous, avec leurs parents et amis une amnistie générale pour eux tous et pour tous les autres, femmes, hommes, policiers, militaires, artisans, paysans, enseignants, élèves, étudiants, commerçants, etc.
Nous réitérons nos voeux de bon retour en famille aux détenus politiques libérés et souhaitons qu’ils puissent se réadapter à une vie normale autant que possible.
Une fois encore notre peuple confronté à l’arbitraire, sait que les dictateurs aiment les plus grandes tortures pour leurs victimes et la grande masse jusqu’à ce qu’il en vienne à les chasser. Le pouvoir du Président Talon démontre avec ses pratiques (dites de rage et de ruse) et avec la visite d’inspection coloniale et les accords signés ou annoncés que les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, à la liberté et à l’indépendance, à être souverains sur leur sol et leur richesse, à s’épanouir dans leur propre culture avec leurs langues, leurs us et coutumes ne font pas sa préoccupation. Et pourtant, les recommandations de l’Unesco et leurs propres luttes indiquent ces nécessités de laisser s’épanouir les peuples dans leurs cultures, langues, droits et libertés et dialogues avec les autres. Le peuple est ainsi conforté à se mobiliser pour ses droits, tous ses droits pour la conquête de son indépendance véritable dans la voie tracée par Béhanzin, Bio Guèra, Kaba, Saka Yérima, les résistants Sahouè, Basantché, Holli, etc. Et ce sera que justice.
En avant dans la pression sur le pourvoir pour une amnistie générale et la souveraineté nationale.
Cotonou, le 01 août 2022
Le Président
Me. Aboubakar BAPARAPE
Site www.lafriqueenmarche.info du 02 août 2022 No 254