L'afrique en marche

L’éditorial de Titus FOLLY : Saison des Joseph, un Joseph en moins

Parmi les deux Joseph de la République qui nous tenaient en haleine, Joseph Houessou Gnonlonfoun, le médiateur de la République vient de s’éclipser. Il ne nous restera que Joseph Fifamè Djogbénou de la Cour constitutionnelle. Pourquoi doit-on avoir un motif de satisfaction suite au départ de Joseph Houessou Gnonlonfoun ? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour avec l’allure d’un biographe.
Ces deux personnalités depuis le début de la ‘’Rupture’’ de Patrice Talon ont joué un rôle rédhibitoire par rapport à l’enracinement de la démocratie au Bénin.
Joseph Djogbénou a fait la levée du corps de la démocratie en 2019 en inventant le certificat de conformité par rapport aux législatives de cette année-là. Quant à Joseph Gnonlonfoun, toujours par rapport aux législatives de 2019, il a apporté le dernier clou pour fermer le cercueil de notre Etat de droit.
Joseph Gnonlonfoun est-il à oublier ?
Ce sémillant magistrat a eu tout le long de sa carrière, de bonnes feuilles de notes. Mièvre et modéré, il a su bénéficier de l’ombre triomphante du professeur Albert Tévoédjrè, son père politique tutélaire.
Le pennon du NCC et du Parti ‘’Ensemble’’ aidant, sans oublier le carnet d’adresses du rapporteur de la conférence nationale de 1990, tout cela lui a permis d’avoir quelques entrées administratives et politiques notables. Député, ministre et médiateur de la République, son parcours est indéniable. Pour être à ce dernier poste, le professeur Tévoédjrè s’est personnellement investi pour passer la main à son filleul.
Mais de tous ces postes, j’ai failli oublier un détail important. Il y a celui du président de la Cena en 2011. En son temps, c’est lui qui a pris sur lui la ‘’responsabilité’’ d’annoncer la victoire de Boni Yayi par K.O au terme de la présidentielle de cette année.
Huit ans après ces contingences, il n’a pas su profiter de l’effet bénéfique de la dissuasion. Et tout comme si de rien n’était, il a accepté une fois de plus, le 1er avril 2019 au terme de la réunion des présidents des institutions à la présidence de la République, de jouer un rôle trouble dans l’histoire de notre pays. Ce jour-là, Patrice Talon l’a désigné pour lire ce communiqué très dangereux qui a consacré la participation uniquement des deux partis siamois de la mouvance, le BR et l’UP.
S’il a été choisi de lire ce communiqué, le régime de Patrice Talon qui ne fait rien sans rien en sait les raisons. Depuis novembre 2018, le mandat unique de cinq ans de Joseph Gnonlonfoun était terminé. Et il est de notoriété que quand vous êtes dans une situation administrative inconfortable, marcher sur des mines anti personnelles pour faire plaisir à certains est la chose la plus aisée. Et ce qui devait arriver, arriva.
En tout état de cause, en pariant sur le statut de « père nourricier » de Joseph Gnonlonfoun, le professeur Tévoédjrè qui vivait encore en ce moment doit avoir regretté. Il a mis un filleul sur une rampe de lancement qui a contribué à réduire l’espace de représentation de la démocratie. Rappelons que le fait d’avoir écarté l’opposition a permis ensuite d’avoir un Parlement monocolore qui a institué le parrainage et qui a permis deux ans après à Patrice Talon de briguer aisément son nouveau mandat.
Quant à Joseph Djogbénou, faut-il encore s’attarder sur le cas ?
Depuis ces menaces par la formation de ces mots que sont la ‘’ruse’’ et la ‘’rage’’, on ne peut plus rien attendre de lui. Après l’échec de la première révision du régime de son mentor, Patrice Talon, on a eu effectivement la combinaison d’un élément lexical (appartenant à un inventaire ouvert ‘‘la ruse’’) et d’un morphème grammatical (appartenant à un inventaire fermé ‘’la rage’’). Dès lors, que peut-on attendre encore de lui ?
Plus rien, car entre les convictions d’hier et celles d’aujourd’hui, il y a une évolution. Fermons donc le débat sans trop discourir.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du jeudi 13 mai 2021

Bénédicte DEGBEY

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