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17 juin 2021/ Après 10 années d’exil : Laurent Gbagbo de retour en Côte-d’Ivoire

17 juin 2021/ Après 10 années d’exil : Laurent Gbagbo de retour en Côte-d’Ivoire


L’ancien chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo est rentré le 17 juin 2021. Votre journal grâce à ses correspondants, comme de tradition sur les sujets majeurs de l’actualité africaine, vous donne quelques clés pour mieux apprécier ce dossier Gbagbo. 

Qui est Laurent Gbagbo ?

Né le 31 mai 1945 à Gagnoa, Laurent Gbagbo a été président de la Côte d’Ivoire du 26 octobre 2000 au 11 avril 2011 nous apprend fr.m.wikipedia.org .

Il est d’abord historien et écrivain puis fondateur du « Front Populaire Ivoirien » (FPI) avec son épouse Simone. Avec son parti de gauche, il est un opposant historique à Félix Houphouët-Boigny.

Il est devenu président de la Côte d’Ivoire en 2000 face à l’ex-président président, feu Robert Guéï.

Lors des élections en 2010, la Commission électorale indépendante a déclaré Allasane Ouattara gagnant tandis que le Conseil constitutionnel déclare Laurent Gbagbo gagnant. Or, les élections auraient déjà eu lieu normalement il y a cinq ans plus tôt chose que L. Gbagbo a repoussé plusieurs fois.

C’est ainsi qu’il refuse de quitter le pouvoir alors que la victoire de son adversaire est reconnue par la quasi-totalité de la communauté internationale. Le 11 avril 2011, il a été arrêté par les forces de Alassane Ouattara avec l’appui des troupes françaises stationnées en Côte-d’Ivoire et sur instructions de Nicolas Sarkozy, le président de la France d’alors.

On retient de lui, son nationalisme. Mieux, il n’est pas un corrompu. De nombreuses tentatives pour acheter sa conscience ont été lamentablement soldées par un échec.

Mais avant, la dramatique crise post-électorale a fait 3000 morts. Laurent Gbagbo arrêté et accusé a été transféré à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Acquitté en 2021, il est rentré au pays, le 17 juin 2021.

On était en 2011, crimes économiques, Gbagbo accuse.

Longtemps restés sous la protection de son statut d’ancien président, Laurent Gbagbo et sa femme Simone ont été finalement inculpés pour crimes économiques. Une procédure judiciaire a été enclenchée pour faire planer l’épée de Damoclès sur le couple Gbagbo.

Après l’arrestation de Simone et Laurent Gbagbo, une arrestation qui a mis un terme à la crise post électorale survenue en Côte d’ivoire et qui a fait plus de 3000 morts, Laurent Gbagbo et son épouse ont été mis en résidence surveillée. Puis, ils ont finalement été accusés de nombreux chefs d’accusations. On leur reproche: « vol aggravé, atteinte à l’économie nationale, détournement de deniers publics et pillage. », a indiqué le procureur de la République d’Abidjan, Simplice Kouadio Koffi.

Sur la base des informations reçues, le couple aurait mis à leur guise l’économie nationale par des multiples actions dont le braquage de l’agence nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ou la nationalisation de certaines banques internationales en pleine crise post-électorale. L’argent public aurait été également utilisée pour l’achat des armes. La suite, on la connait.

Par Frédéric TOURE correspondant en Côte d’Ivoire.

Laurent Gbagbo, l’homme au grand parcours

Pour l’homme qui a dirigé la Côte d’ivoire pendant 10 ans, il lui a fallu 30 ans pour atteindre son objectif. Dans un parcours plein de persecutions, Laurent Gbagbo obtiendra gain de cause: le pouvoir. Il a œuvré pour le pouvoir, malgré les multiples obstacles et les persécutions.

Déjà en tant que jeune professeur d’histoire, cet « enseignement subversif » dérangeait déjà le pouvoir d’alors. En 1971, il fut emprisonné dans un camp militaire pour avoir essayé de mettre en place un syndicat indépendant. C’est d’ailleurs lors de son incarnation qu’il rencontra pour la première fois, le général Robert Gueï, alors capitaine. En 1982, Laurent Gbagbo rentra à Abidjan après une thèse soutenue à Paris.

Discrètement, il commença la création du Front populaire ivoirien (FPI). Mais il fut interrompu et alla en exil à Paris où il fut reçu par Guy Laberty, « Monsieur Afrique » du PS, pour avoir été accusé de diriger un « complot des enseignants ».

De retour au pays en 1988, il créa le FPI, mais en cachette. C’est après deux ans que le parti sera légalisé lorsque M. Houphouët-Boigny autorisa le multipartisme. Ainsi à 55 ans, cet « opposant historique » participa pour la première fois à l’ élection présidentielle, et obtiendra un score honorable de 18%. Un score obtenu grâce au soutien de la rue, et surtout en tenant un discours nationaliste

Par Frédéric TOURE correspondant en Cote d’Ivoire.

Après huit ans d’exil, les pro-Gbagbo rentrent au bercail.  

Partis de la Côte d’Ivoire pendant la crise poste-électorale, une cinquantaine d’exilés tous proches de Laurent Gbagbo sont de retour au pays. Ce retour est le résultat de la clémence signée par le president ivoirien, Alassane Ouattara.

Parmis les cinquantaine de proches de Gbagbo revenus en Côte d’Ivoire figure six anciens ministres dont Emile Guiriéoulou, ministre de la Sécurité sous Gbagbo et Kofi Kofi Lazare qui gérait le ministère des eaux et forêts. Cette décision de retour a été prise en raison de la récente loi d’amnistie signée par Alassane Ouattara.

L’un des bénéficiaires a laissé entendre qu’ils sont de retour pour engager un processus de réconciliation comme souhaité par l’ancien president, Laurent Gbagbo acquitté par la Cour pénale internationale (CPI).

Ce retour pourrait également représenté un point important dans le règlement de la situation des réfugiés restés dans les pays voisins surtout au Ghana et au Libéria.

Par Frédéric TOURE correspondant en Cote d’Ivoire.

Ouattara dans les préparatifs du retour de Gbagbo.

Acquitté le 31 mars par la Cour pénale international, plus rien ne pouvait empêcher le retour en Côte d’Ivoire de l’ancien président, Laurent Gbagbo. 

Dans ce sens, Alassane Ouattara a annoncé le 7 avril 2021 des mesures pour le retour de l’ancien président. Mieux, il a entamé les pourparlers avec des émissaires de Laurent Gbagbo.  

Ainsi, si Alassane Ouattara aux émissaires qu’il n’est pas contre le retour de son prédécesseur sur sa terre natale, il a été ferme en ce qui concerne son intention « d’encadrer. » l’arrivée de Laurent Gbagbo.

Front populaire ivoirien (FPI), la rampe de lancement de Gbagbo.  

Mise en place avant même l’autorisation du multipartisme en Côte d’Ivoire, le Front populaire ivoirien est l’un des parti créé clandestinement et représentant l’opposition.

Créé en 1982, le Front populaire ivoirien (FPI) représente le parti politique ivoirien de gauche. Créé en toute discretion, c’est en 1988 que le Front sera constitué en parti politique et sera solennellement reconnu en 1990. Jusqu’en 2011, le parti resta membre de l’internationale socialiste. Tout bascula avec la crise ivoirienne de 2010-2011 ayant causé plus de 3.000 morts. Le Parti a été principalement celui de Laurent Gbagbo durant ses mandats de 2000 à 2011 à la tête du pays.

Après 10 ans de boycott de différentes élections (présidentielles et surtout législatives), ce parti est retourné dans l’arène politique en participant aux dernières législatives de 2021.

De la centaine de deputes quand Laurent Gbagbo était au pouvoir, le FPI en alliance ou sous la bannière de EDS, n’a eu que 17 députés (dont son fils Michel Gbagbo) après avoir fait ‘’main basse’’ sur la circonscription électorale de Yopougon.

Avec le retour de Laurent Gbagbo, il va lui falloir résoudre l’équation de la reconciliation entre les différentes factions d’un FPI, un parti disloqué en de grosses monticules comme le FPI tendance Affin N’Guessan et le FPI canal historique.  

Par Blanchard LAWSON correspondant au Sénégal

Retour de Gbagbo, pour certains pas question.

Quand la Cour pénale internationale a acquitté l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Pendant que certains se réjouissaient pour son retour, d’autres s’y opposaient catégoriquement.

Quand la CPI a définitivement acquitté, l’ancien president, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à rentrer, il y avait la joie pour certains tandis que d’autres Ivoiriens étaient indignés par le retour de Gbagbo. 

Une Association de victimes de la crise post-électorale de 2010-2011, en Côte d’Ivoire a même fait part de son opposition énergique quant à son retour. Il s’agit du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI) dont le président, Issiaka Diaby, a déclaré lors d’une conférence de presse à la mairie de Yopougon, grand quartier populaire du nord d’Abidjan, a dit son deception suite à cette decision de la CPI d’acquitter Laurent Gbagbo.

Le Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI) a interpellé: « La CPI sur ses dettes envers les victimes, la garantie de non-répétition des actes de commission de crimes de masse, un environnement de justice et de paix envers l’ensemble des populations ivoiriennes.» et « sur la nécessité évidente de casser la décision d’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.». Elle invite la CPI à ouvrir « un nouveau procès devant une nouvelle chambre aux fins de satisfaire les besoins des victimes », a précisé l’association dans sa déclaration.

 Mais contrairement à cette association, il y a d’autres associations de victimes qui pensent que l’acquittement de Laurent Gbagbo est une occasion dès son retour de poser clairement le problème de la concorde et de la reconciliation nationale afin que plus jamais, un tel scenario dramatique ne se reproduise.

Par Frédéric TOURE correspondant en Côte d’Ivoire

Laurent Gbagbo et le sentiment anti-français

Dès sa prise des rênes du pouvoir par Laurent Gbagbo, le président ivoirien d’alors a eu la posture d’un nationaliste. Cette posture s’est matérialisée par un sentiment anti-français.

Ainsi, de réguliers pillages et violences ont été commis en Côte d’Ivoire sous Gbagbo contre les intérêts français. Le site du Front populaire ivoirien était devenu un canal de mobilisation. On lit souvent sur ce site entre 2000 et 2011 que : « le président Laurent Gbagbo et la Côte d’Ivoire sont en guerre contre la France ». Face à cette posture de Gbagbo, le président français d’alors, Jacques Chirac lui-même a donné un ordre express aux Forces Licorne d’attaquer et de détruire les équipements de l’armée ivoirienne et de profaner les symboles de la République. Pour les proches de Laurent Gbagbo, l’hostilité de la France avec contre : « Les balles assassines des soldats français n’ébranlent leur détermination. »

Laurent et Simone Gbagbo pour le meilleur et pour le pire.

L’ancien couple présidentiel a connu un divorce à l’ivoirienne. Laurent et Simone Gbagbo ont affronté bien des épreuves. Mais le couple est t’il vraiment mort au point de rompre? Si leur couple est mort depuis longtemps, c’est leur connivence politique qui désormais bat de l’aile. Mais peuvent-ils vraiment rompre définitivement ?

Après l’acquittement de Laurent Gbagbo, à Abidjan, l’information a déferlé. Simone et Laurent Gbagbo vont officiellement rompre. Conséquence, Simone Gbagbo se présente dans des habits de femme blessée, cat il paraît que son mari, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo acquitté aurait envie de divorcer.

Le cabinet de l’ex-première dame s’est évertué de démentir cette information qui fait de Simone Gbagbo une cible au regard de ces attaques.

Dans sa contre-attaque, elle a déployé un activisme inégalé qui brouille les pistes entre l’épouse et la mimilitant

Par Firmin TEKLY, correspondant en France.

La ‘’galaxie des patriotes’’ reprend confiance.

Le retour annoncé en Côte d’Ivoire de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo motive certains leaders de l’ex-‘’galaxie patriote’’. Plusieurs leaders de jeunes patriotes ont décidé de rentrer au Pays.  

Parmi eux, il y a d’anciens membres de la galaxie patriotique de Charles Blé Goudé. C’est le cas de Stallone Ahoua, ancien responsable des jeunes patriotes et très proche de Charles Blé Goudé qui a décidé de rentrer, lui qui était aux Etats-Unis pour cause d’études. Dans cette optique, au-delà de Stallone Ahoua, on attend l’arrivée d’autres collaborateurs de ladite galaxie patriotique.

Pour les anciens leaders de la ‘’galaxie patriotique’’ qui rentrent, le seul leitmotiv est la réalisation du processus de paix.

Par Fréderic TOURE correspondant en Côte-d’Ivoire.

Gbagbo et les alliances politiques avec Bédié-Soro et Ouattara

Avec le retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire, on se demande comment a-t-il manœuvré avec Bédié-Soro et Ouattara ?

Le retour de Laurent Gbagbo le 17 juin 2021, retour autorisé par Alassane Ouattara, peut avoir des répercussions sur la vie politique du pays.

Malgré les blessures encore ouvertes, l’ex-président entend participer à la réconciliation nationale. Avec ce retour, tout porte à croire que va se reformer « le trio » qui écrase la vie politique ivoirienne depuis 30 ans.

Entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les relations sont toujours à la méfiance malgré la mansuétude de l’actuel président qui a permis à Laurent Gbagbo de rentrer. Laurent Gbagbo n’a jamais admis sa défaite contre Alassane Ouattara en 2010. Mais les camps des deux hommes ont pu négocier le retour de Gbagbo.

Entre Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, qui a succédé au président Félix Houphouët-Boigny à sa mort en 1993, les deux leaders ont souscrit à une alliance à la veille de la président d’octobre 2020 qui a permis à Alassane Ouattara d’avoir un 3ème mandat. Avec Henri Konan Bédié, pas de problème pour l’instant. Le PDCI a même participé avec le FPI à l’organisation de l’accueil de Laurent Gbagbo. Les trois ont été alliés ou rivaux en fonction des circonstances.

Une chose est certaine, la domination de ces trois hommes très âgés sur la vie politique témoigne d’un fonctionnement absolument antidémocratique.

Par Murielle Kai MENSAH, correspondante aux USA

Laurent Gbagbo et les erreurs stratégiques.

On le dit grand stratège devant l’Eternel. Pour cela, on l’a surnommé le boulanger pour sa capacité à rouler tout le monde dans la farine et à avoir gain de cause. Mais en ce qui concerne la crise électorale de 2011, Gbagbo avait-il bien soupesé les rapports de forces qui étaient en sa défaveur avant d’engager le combat ? Laurent Gbagbo de décembre 2010 au 11 avril 2011 a commis de grosses erreurs stratégiques.

D’abord, il n’a pas eu la main mise sur la Commission électorale. Ses affidés qu’il a convoyés pour faire le boulot n’ont été que transparents. Conséquence, la CEI a donné des résultats en sa défaveur. Malgré la bouée de sauvetage qu’il a eu de la part du Conseil constitutionnel, les jeux étaient faits à ses dépens.

Le nationaliste dans une bulle 

Ensuite, il s’est mis à dos Guillaume Soro qui a été récupéré par Alassane Ouattara. Et dès que ce duo s’est retrouvé à l’hôtel du Golf pour mener la résistance, Laurent Gbagbo n’a pas pu inverser la tendance de l’opinion. Et face à cette adversité farouche de Ouattara-Soro, il n’a pas su arrêter ses velléités pour négocier une paix des braves alors qu’il constatait de plus en plus que les carottes étaient cuites.

A tort ou à raison, on accuse Laurent Gbagbo d’avoir instrumentalisé des escadrons de la mort et des milices pour mener des expéditions punitives contre les partisans de l’opposition. Une guerre fratricide s’en est suivie qui a fait 3000 morts.

Sur le plan international, il a ignoré la force des Nations Unies qui tenaient à la transparence de cette élection. Ce qui a terni son image dans la communauté mondiale.

Il a enfin sous-estimé la capacité de nuisance de Nicolas Sarkozy, le président français d’alors. La ‘’myopie’’ de Laurent Gbagbo lui a été fatale, car le 11 avril 2011, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité grâce à ses forces installées à Abidjan d’aller le déloger dans son palais où il s’est retranché. La suite on la connait.

                 Durant la campagne.

Sans oublier que durant la campagne présidentielle et avant le scrutin, il a commis quelques erreurs stratégiques qui donnaient déjà des signes d’inquiétudes.

Tout a commencé lorsque Laurent Gbagbo candidat et chef d`Etat a décidé de tenir un grand meeting à Bouaké. Les organisateurs comme le ministre Amani N`Guessan voient les choses plus grand.

Pour mettre les militants à l’aise, le lieu a donc changé. C’est le stade municipal de Bouaké qui a été choisi, mais qui ne sera pas rempli malgré tous les moyens surtout financiers mis en œuvre. C’est donc dans un stade vide et sous quelques bâches sur la pelouse que Gbagbo a fait son meeting. Face à la faible mobilisation, les organisateurs ont dû masquer cela par de grosses banderoles.

Quelques jours plus tard, Gbagbo met le cap sur Korhogo, la ville natale de son directeur national de campagne. Il fait cependant l’erreur de faire son meeting le jour même jour que Alassane Ouattara dans son fief. Résultat, peu de monde à son meeting, et la gifle a été retentissante. Comment peut-il vouloir défier Ado dans son fief ?

Laurent Gbagbo n’a pas su dissuader son épouse, Simone Gbagbo de ne pas aller à Duékoué pour un meeting. Là-bas ce jour-là, les groupes d`auto-défense ont obligé l’ex première dame à renoncer. La cause de cette situation, le président Bédié était en tournée à ce moment-là dans son bastion.

En outre, en dépit de tous les sondages qui le donnaient perdant au second tour même s’il gagnait le premier tour, Laurent Gbagbo était convaincu de l’emporter face à deux adversaires, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, également très de le battre dans les urnes.

C’est tard que Laurent Gbagbo, ce politicien chevronné formé par des décennies de militantisme, a commencé par surfer sur un vieux fond de méfiance : « Les sondages ne font pas une élection, personne n’est propriétaire de ses voix. Rien n’est gagné d’avance, alors je me bats. ».  

Enfin, le clan Gbagbo n’a pas maitrisé la distribution parfois aléatoire des cartes électorales. L’historien Gbagbo Laurent a été surpris par la convergence de tous ces facteurs transformés en orage imprévisible pour lui en terre d’Éburnie qu’il pensait maitriser.

Par Luc GUIDIBI correspondant en Afrique du Sud

‘’Ivoirité’’, Gbagbo à la différence de Bédié.

La rébellion du 19 septembre 2002 en Côte-d’Ivoire est d’abord comme un mouvement de mutinerie de l’armée, orchestrée par des soldats originaires du Nord soumis à la ‘’ségrégation’’ et aux injustices de la part des proches de Laurent Gbagbo, mais aussi de son prédécesseur, le général Robert Guéï.

Ayant trouvé refuge au Burkina Faso, ils vont s’attirer la sympathie des populations du nord du pays, et seront qualifiés de « rebelles » par le gouvernement en place. Les « Dioulas » visés par le concept abject ‘’ivoirité’’, un concept qui n’a cessé de diviser la population depuis la réapparition du terme en 1994 ont ainsi constitué le réservoir en hommes de la rébellion. Ce mot ‘’dioulas’’ fait référence à un groupe ethnique du nord de la Côte-d’Ivoire qui sont musulmans, à la différence des gens du Sud, majoritairement chrétiens.

A la différence de Bédié.

L’accès au pouvoir de Laurent Gbagbo a donné à ce concept, une dimension religieuse contrairement à Henri Konan Bédié l’inventeur de ce concept qui, lui l’avait utilisé pour évincer son concurrent Alassane Ouattara à la présidentielle de 1995.

Les origines de Alassane Ouattara seront donc ciblées vu qu’il est du nord du pays afin de prouver le caractère douteux de son « ivoirité ». Tous les habitants du nord du pays vont subir le même sort. Victimes d’exclusion ils sont restés solidaires derrière Ouattara.

En novembre 1994, une loi portant sur le code électoral fait son apparition ensuite. La clause dite de « l’ivoirité » indique que tout candidat à la présidence en 1995 doit être ivoirien de naissance et de père et de mère eux-mêmes ivoiriens de naissance.

Une loi bien réussie, car elle écarte ainsi Alassane Ouatarra qui ne serait pas un vrai Ivoirien, mais un Burkinabé.

Tout s’aggrave lorsque Laurent Gbagbo se présente à la présidentielle d’octobre 2000. Il fait tout pour exclure Alassane Ouatarra du champ politique en manipulant la doctrine de l’ivoirité et en semant le doute sur l’authenticité des origines ivoiriennes de son adversaire potentiel. La tension lors de cette présidentielle en octobre 2000 a été à son comble. Pour réussir son coup, Laurent Gbagbo s’appuie sur les Ivoiriens chrétiens, majoritaires dans le sud de la Côte-d’Ivoire. Il va même utilisé le concept d’ivoirité non plus seulement pour opposer les Ivoiriens aux étrangers, mais pour opposer les Ivoiriens majoritairement musulmans des savanes du Nord aux Ivoiriens chrétiens du Sud forestier.

L’ivoirité sous Laurent Gbagbo perd-elle son caractère ethnique pour se transformer en concept régionaliste et religieux.

Par Murielle Kai MENSAH, correspondante aux Etats Unis.

Laurent Gbagbo de retour en Côte-d’Ivoire

L’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo a foulé le sol ivoirien ce jeudi 17 juin 2021 après 10 ans d’absence. Le vol SN 229 de ‘’Brussels Airlines’’ à bord duquel était l’ancien chef d’état s’est immobilisé à l’aéroport international ‘’Félix Houphouët-Boigny’’ d’Abidjan peu après 17h. Trois mois à peine après son acquittement définitif de crimes contre l’humanité par la justice internationale et le feu vert à son retour donné par son rival, le président Alassane Ouattara, au nom de la « réconciliation nationale », il retrouve la terre de ses ancêtres.

Accueilli par une foule compacte de supporters criant son nom, Laurent Gbagbo a foulé le sol de son pays pour la première fois depuis 10 ans, se frayant difficilement un passage dans le hall de l’aéroport, aidé par Nady Bamba, sa seconde épouse.

Il y a serré dans ses bras Simone Gbagbo, avec qui il a échangé quelques mots, ainsi que Marie-Laurence, l’une de ses filles.

« On est content d’arriver, c’est un grand jour »

Il s’est ensuite engouffré dans une voiture sous les hourras de ses partisans scandant « Prési ! Prési ! »

« On est content d’arriver, c’est un grand jour », a déclaré Habiba Touré, son avocate qui a voyagé à ses côtés depuis Bruxelles.

 Laurent Gbagbo quitte l’aéroport


 

La voiture dans laquelle a pris place l’ancien président ivoirien a quitté l’aéroport. Laurent Gbagbo, qui n’est pas descendu du véhicule pour se rendre au pavillon présidentiel, comme c’était initialement prévu, a pris la direction de l’ancien QG du Front populaire ivoirien (FPI), son parti, dans le quartier d’Attoban, à Cocody.

Bédié souhaite « bonne arrivée » à Gbagbo

L’ancien président, Henri Konan Bédié a salué le retour de Laurent Gbagbo par un court message sur Twitter. « Je souhaite une bonne arrivée à mon jeune frère le président Laurent Gbagbo », a écrit Bédié, assurant qu’il avait « toujours considéré qu’il était important qu’il rentre pour engager ensemble un vrai processus de réconciliation ».

En avril dernier, à l’occasion du 75e anniversaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qu’il préside, Bédié avait assuré : « Je souhaite que le gouvernement prenne toutes les dispositions nécessaires pour favoriser leur retour en Côte d’Ivoire dans les meilleurs délais et dans des conditions sécurisées. »

Des milliers de personnes aux abords du boulevard VGE

La voiture dans laquelle se trouvait Laurent Gbagbo progresse lentement sur boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing, aux abords duquel se sont massés plusieurs milliers de partisans de l’ancien président. La circulation est de plus en plus difficile à mesure que le cortège avance en direction de Cocody.

Les forces de l’ordre font par endroit usage de gaz lacrymogène pour disperser des groupes de manifestants.

Le cortège de l’ancien président ivoirien est parvenu au QG du FPI, dans le quartier d’Attoban, à Cocody.

Par Frédéric TOURE correspondant en Côte-d’Ivoire.

Première déclaration de Laurent Gbagbo.

Il y a eu les retrouvailles entre Laurent Gbagbo et ses partisans dans son ancien quartier général de campagne de Cocody-Attoban le jeudi 17 juin dès son arrivée au pays.  

« Je suis votre soldat, je suis mobilisé », tel a été les premiers mots de Laurent Gbagbo. Une prise de parole assez courte, un rapide salut au balcon. C’est le secrétaire général du FPI GOR, Assoa Adou qui a introduit l’ancien président.

C’est devant une foule acquise à sa cause que l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo s’est exprimé à ses partisans. Très bref, il a demandé à pleurer d’abord les morts et parler plus tard de politique.

Un message, des symboles.

La journée a été longue pour Gbagbo qui affirme avoir tout le temps pour parler de politique. Mais qu’il faut d’abord pleurer les morts comme sa mère et son ami Aboudramane Sangaré décédé durant sa captivité rappelle l’article. Il remercie aux Ivoiriens et les Africains pour leur soutien

Il y avait des dizaines d’invités présents sur place et l’on tentait à l’extérieur de limiter les intrusions. La joie, les chants, les danses, les sourires et la bonne ambiance étaient au rendez-vous. Aussi l’on jouait tubes ivoiriens et des chansons à la gloire de Laurent Gbagbo.

A son atterrissage, l’ancien président a été conduit par un cortège à Cocody. L’excitation était incontrôlable. Le service d’ordre pour empêcher la foule de jeunes, qui avaient passé la journée dehors au soleil à faire la fête, de s’introduire dans le bâtiment a fait beaucoup d’efforts.

La foule dehors amassée autour du bâtiment, écoute la retransmission dans les haut-parleurs grésillants.

Par Frédéric TOURE correspondant en Côte-d’Ivoire.  

Indemnités mensuelles de Gbagbo. 

Or le chef de l’Etat maintient l’ambiguïté. Ces derniers jours, il a fait passer le message que Gbagbo ne serait pas arrêté à son retour à Abidjan et qu’il serait libre de ses mouvements. Compte-t-il pour autant lui accorder une grâce ou une amnistie? Selon nos informations, le président ne veut prendre aucune décision avant le retour de son prédécesseur, afin notamment de s’assurer des intentions de ce dernier. « La réflexion suit son cours. Qu’il s’agisse d’une grâce ou d’une amnistie, il ne s’agira de toute façon pas d’une mesure individuelle, mais d’une mesure collective, afin de ne pas faire de Gbagbo un cas exceptionnel », souffle un confident du chef de l’État.

Depuis Bruxelles, où il reçoit moins ces dernières semaines en raison de la pandémie de Covid-19. l’ancien détenu de Scheveningen réfléchit aux odalités de son retour. « L’une de ses principales réoccupations est sa sécurité et celle de ses proches. Il n’a pas envie qu’un malheur arrive dès son retour », souffle un membre du clan Gbagbo.

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Comme l’a assuré Alassane Ouattara, l’ex-patron du FPI devrait jouir des avantages liés à son statut d’ancien chef de l’État, ce qui inclut un service de sécurité composé de dix agents, placés sous l’autorité d’un aide de camp. Signe que la méfiance est de mise, certains intimes de Gbagbo souhaitent avoir un droit de regard sur la composition de cette future garde rapprochée. Le « Woody » aura en outre à sa disposition un cabinet (cinq membres), du personnel de maison (six personnes) et trois voitures avec chauffeurs. Il touchera chaque mois environ 17 millions de F CFA (25900 euros d’allocation viagère et d’indemnités mensuelles pour ses frais de logement, de carburant et de téléphone. Reste à savoir s’il peut réclamer des arriérés pour toutes les années passées en détention à La Haye…

JEUNE AFRIQUE-N°3100 – MAI 2021

Journal L’Afrique en Marche du 20 juin 2021.

Bénédicte DEGBEY

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